Polar français plutôt atypique, presque sans scène d'action et prenant le temps de s'intéresser autant à son intrigue qu'à ses personnages, « Tristan » montre un réel pouvoir de séduction dès les premières minutes. Même si Philippe Harel tente de retrouver l'ambiance des grands thrillers américains sans en avoir réellement les moyens, il se débrouille plutôt pas mal, son enquête sachant être suffisamment originale et bien pensée pour que l'on y adhère.
Sans être totalement surprenante, elle sait instaurer une réelle ambiguïté, des doutes sur la personnalité du tueur présumé, présenté comme aussi insaisissable que séduisant (même si ce n'est pas forcément le choix de casting que j'aurais fait, Jean-Louis Loca est relativement à son avantage), que le cadre parisien sait bien mettre en valeur.
Reste ce dénouement, auquel j'avais vaguement pensé avant de le trouver trop incohérent... Et je dois avouer que la façon dont il est amené n'est pas si ridicule, mais apparaît plus comme un « truc » de dernière minute que comme un choix mûrement réfléchi, n'apportant pas grand-chose à ce qui avait été construit jusqu'ici.
Quant à Mathilde Seigner, elle s'en sort avec les honneurs, même si l'on aurait pu imaginer une actrice d'une autre trempe pour le rôle (Karin Viard?), ses « face-à-face » avec Nicole Garcia, bien que correctement menés, frôlant parfois la caricature. Un polar d'assez bonne facture, se tirant (presque) parfois une balle dans le pied sans réelle raison valable.