Le temps est fascinant. A la fois terrifiant mais aussi juge de paix. C'est drôle en soi de voir à quel point le temps réévalue une oeuvre de cinéma, et ici dans le cas présent, comment il redonne de la force à un film sous-évalué.
Je suis tellement triste de voir si peu de films s'inscrivant dans cette époque pourtant source d'histoires incroyables. L'Antiquité et la mythologie grecque ont donné naissance à des contes fascinants que seul le cinéma ne semble pas en mesure de rendre hommage, ou du moins en de trop rares occasions.
Mais pourquoi ? Pourquoi il apparaît impossible de revoir de nos jours des œuvres majeures et marquantes comme l'ont pu l'être Ben Hur ou les 10 Commandements en leurs années déjà lointaines ? Pourquoi le succès de Gladiator puis de 300 n'ont pu être suffisants pour éviter certains naufrages comme La Colère des Titans ou Hercule ? Peut-être parce que trois réalisateurs de renom se sont cassées les dents coup sur coup avec Troie, Kingdom of Heaven et Alexandre ? (sujets très différents il est vrai, mais dénominateur commun des époques épiques... et Orlando Bloom pour deux d'entre eux).
D'emblée, il me semble important de préciser que la version longue de Troie est a favorisé pour un visionnage plus conforme à la vision du réalisateur, ce qui vaut pour les trois films cités dernièrement. Troie est un film unique a bien des égards, héroïque, épique et totalement divertissant alors que la pléiade d'acteurs de renom partage l'écran. Les péripéties sont nombreuses et bien que l'histoire soit connue, elle n'en demeure pas moins passionnante.
Le genre du péplum disparaît laissant la place aux super-héros, mais il est impossible de regretter de ne plus avoir l'occasion de voir des films d'une telle envergure. C'est aussi cette rareté qui permet de réévaluer Troie, décidément unique dans son genre.
Musique, décors, action, tout se prête à nous exposer un contexte et un univers dans lequel on aurait envie de plonger.
Pourrait-on y critiquer la plastique de son acteur principal alors que ce dernier s'est entraîné comme Hercule pour son rôle ? Les personnages me semblent plutôt représentatifs de ce qu'il en est dit dans les livres d'histoires et autres contes pour enfant. Il n'empêche que Eric Bana respire la classe en Hector et reste encore l'un de mes personnages préférés tous films confondus. L'honneur, l'amour et le sens de la famille, voilà de bien belles valeurs défendues par cette superproduction inlassablement laissé de côté par des détracteurs qui ne veulent pas profiter du spectacle qui leur est donné.
Cette histoire immanquable de la mythologie grecque a fière allure, et une partie de moi aurait voulu voir une suite avec Sean Bean et son Odyssée. Comme d'habitude on ne sait pas profiter de l'instant présent et de certains codes du cinéma qui ne cessent d'évoluer et de s'adapter aux changements de nos sociétés. Dommage donc que la vie d'aujourd'hui ne laisse plus de place à des œuvres d'envergure, racontant les destins tragiques de personnages absolument iconiques.
Comique enfant de se dire qu'à la réception de ce film certains pouvaient dire que c'était "nul". C'était ça le nul de l'époque. Qu'est-ce qu'on a aujourd'hui ? La disparition d'un genre tout entier.
Voilà bien mon talon d'Achille et un cinéphile clairement désabusé de ne plus pouvoir voir de telles fresques et encore moins d'histoires tirées de la mythologie grecque.
Faut-il encore rappeler qu'en ces années-là on avait du Troie, du Spider-Man et du Seigneur des Anneaux. Mais ça, ça restera pour les livres d'histoire du cinéma.
9/10.
NB: mon rêve sera de toujours voir une adaptation de God of War...