Troie continue sur la lancée du retour du péplum à l'écran amorcée par Gladiator. Délaissant le style heurté et la caméra sur l'épaule de Ridley Scott, l'Allemand Wolfgang Petersen opte pour un style bien léché, composé de plans proprement cadrés et d'armures étincelantes. Son adaptation d' Homère est certes contestable, mais après tout on s'en fout, enfin moi je m'en fous, je n'ai pas envie de faire le difficile sur ce plan-là, c'est un film-spectacle dont le but est de faire passer un bon moment au spectateur, et ce but est atteint, je n'avais pas envie d'une adaptation scrupuleuse ; transposée en superprod hollywoodienne, elle est finalement très plaisante à regarder, il lui manque seulement une vraie dimension tragique.
Les acteurs charismatiques font la force du film : laissons Brad Pitt qui se la joue trop en Achille torturé, on dirait que ça l'emmerde de tuer du Troyen ; avec ses airs de surfer californien, il a tendance à prendre un peu trop la pose et ne recherche que les gros plans que lui accorde son réalisateur, il n'est clairement pas l'homme du rôle. Laissons aussi Orlando Bloom, décevant en frérot d' Hector, il est pleutre et falot, il est bien à l'opposée du Legolas du SDA. Gardons Brendan Gleeson, habitué des personnages physiques à costumes (depuis Braveheart), dans le rôle hélas trop court de Ménélas. Gardons Brian Cox en Agamemnon cupide, rageur et imbu de lui-même. Gardons aussi Sean Bean toujours excellent où qu'il soit, mais un peu sous-employé ici. Mais gardons surtout Eric Bana qui donne à Hector beaucoup de profondeur, et enfin gardons l'immense Peter O'Toole, impérial et pathétique en vieux roi Priam. Beaucoup d'autres acteurs secondaires sont remarquables comme Vincent Regan (qu'on reverra en Grec dans 300), Rose Byrne, James Cosmo, Saffron Burrows, Garrett Hedlund, Tyler Mane, Diane Kruger rayonnante de beauté dans le rôle d'Hélène de Troie, et Julie Christie (en Thetis, mère d' Achille dans une touchante petite scène).
A tout cela, s'ajoutent de belles scènes de batailles, un combat entre Achille et Hector superbement chorégraphié, quelques effets numériques qui permettent de rendre la cité de Troie majestueuse (mais un cheval de Troie assez laid, dommage), et puis une splendide BO héroïque de James Horner fidèle à son style... qui achèvent de faire de ce film un beau livre d'images en technicolor.