Je pars toujours avec un à-priori positif avec les films de Jerry Lewis. Peut-être parce qu'il incarne des personnages hauts en couleurs, des clowns, à une époque où le comique passait de moins en moins par le corps, la gestuelle. Mais tous ses films ne sont pas bons et parfois je déchante. Il faut dire qu'il en a fait un bon paquet.
Trois bébés sur les bras, c'est bien. Ouf. C’est même surprenant, drôle et tendre.
Clayton Poole est un réparateur de TV, dans une petite ville. Il vit seul, il a sa petite vie. Il a aimé de tout son cœur une amie d'enfance, qui est devenue depuis une star de cinéma. Mais cette dernière se retrouve enceinte après avoir batifolé avec un torero. Elle ne peut pas rendre cet évènement public. Devinez à qui elle va penser pour s'occuper des enfants qu'elle va avoir, trois bébés qui vont demander beaucoup d’énergie ?
J'ai dit plus haut que j'étais parfois déçu. Jerry Lewis incarne souvent l'andouille, qui gesticule pour un oui, pour un non. Parfois, hélas, il en fait trop. Ce n'est pas le cas de ce film, entouré de bons sentiments. Clayton va se tuer à la tâche, mais il le fait par amour. Et quand il va se retrouver piégé, qu'il va devoir rendre des comptes à la société et à la justice parce qu’il élève seul des enfants, on le prend en pitié.
Trois bébés sur les bras est assez progressiste sur la question de l'éducation. Clayton se rend à un séminaire pour apprendre à s'occuper d'enfants. Il est entouré de femmes. Personne ne se moque de lui, on le salue, et la professeur dit, en substance, qu'il faudrait plus d'hommes tels que lui pour alléger la charge des femmes. Mais tout le long du film il est accusé par le reste de la société de ne pas pouvoir s'occuper d'enfants à cause de son sexe, alors qu'il s'en sort difficilement mais courageusement. C'est beau.
C'est drôle, c'est tendre. Jerry Lewis est incroyable, à jongler d’un genre à l’autre. Ça se casse un peu la figure sur la fin, mais c'est vraiment un film plein de bons sentiments sans qu’ils soient écœurants, avec ce qu’il faut d’humour bien dosé. Son commentaire sur la paternité reste encore d'actualité, et même en avance par rapport à son époque.