Pour Melquiades...

Pour son premier long-métrage ciné (le western The Good Old Boys n'étant qu'un téléfilm), Tommy Lee Jones s'entoure du scénariste du troublant 21 Grammes, conférant à son film ce même procédé de schéma temporel désordonné. Ainsi, plus on traverse l'histoire, plus on en apprend plus sur un évènement au final banal, celui du meurtre accidentel par un garde-chasse de Melquiades Estrada, un mexicain ami du shérif local.

Tout est scindé, tout est éparpillé de façon à ce que l'histoire prenne un sens au final, sans toutefois partir dans toutes les directions, la vérité étant claire et concise. S'en suit donc une justice personnelle pour le shérif campé avec émotion par Jones lui-même qui s'enchainera avec la rédemption du meurtrier (toujours aussi brillant Barry Pepper), le tout dans une sorte de western crépusculaire moderne qui n'est pas sans rappeler ceux de Clint Eastwood.

Beaucoup de silences, beaucoup de jeux de regards, une lumière éreintante, un naturel omniprésent et une sincérité touchante font de Trois Enterrements une petite réussite qui n'est cependant pas totalement transcendante. En effet, le film en lui-même manque de rythme et de réelle cohésion, les révélations qui s'en suivent étant quand même assez poussives. Plus de simplicité aurait donc donné au long-métrage plus de réalisme. Ceci dit, on ne blâmera pas Tommy Lee Jones qui livre ici, pour un premier (vrai) effort une remarquable prestation, aussi bien devant que derrière la caméra.