Alain aborde sa période alimentaire. Pas la plus brillante, il est vrai, mais on ne peut pas briller tout le temps, n’est-ce pas ? Par contre jeter ce film comme le font facilement les puristes,et les ayatollahs du bon goût cinématographique français, je ne vois pas pourquoi, je ne sais pas.
Nanar pour certains, polar pour d’autres. Que de grands mots. Moi, c’est un de mes Delon préférés, toutes proportions gardées. Un bon vieux Delon, avec de l’action, du suspense ( ?), pas trop. De l’action, des échanges, des répliques. C'est direct et sans rien derrière, le film populaire des années 80. Pas compliqué, efficace seulement; et roule, ma poule!
Ah ! Revoir un bon vieux Delon. Pour voir à quoi ressemblait une DS. Ou un gros téléphone avec un combiné accroché au mur. LOL. Ça semble tellement loin, tout ça. Pour admirer une actrice non siliconée, ni botoxée. Si, si, ça existait. La beauté choisit pour le film fut une page centrale de Playboy appelée : Dallila Di Lazzaro.
J’ai un faible pour ce Delon, là. Film grand public, qui penche vers le drame, sans jamais perdre son objectif de divertissement. Restons populaire. Delon a déjà une longue liste d’antihéros derrière lui. C’est la continuité. Il joue un joueur de poker qui a tout contre lui. Le film est construit par, pour, et avec l’acteur fétiche. Les seconds rôles ont été choisis par lui, et on a une sacrée paire d’acteurs.
J’ai adoré les joutes verbales entre Pierre Dux, (chef des services secrets), et Michel Auclair, qui joue son subalterne. Un film dans le film. Un régal. Le duo, Emerich et Leprince. Qui parlent anglais, (mal) ou évoquent la carrière du général De Gaulle en bibliothécaire de province (drôle). Duo collector, pour mettre du comique bienvenu de situation.
Les services secrets qui se font avoir par un homme seul. Très drôle ça aussi. Emerich, pense avoir affaire à un professionnel. Et un professionnel s’achète toujours. Or le héros est seul. Évidemment, tout ça est cousu de fil blanc.
Delon joue un certain Michel Gerfaux. Aucun arrière-fond psychologique. Un joueur de poker poursuivit par une malchance pas possible. Toujours là au mauvais moment, au mauvais endroit. La machine s’emballe, et il devient un corps pris dans un engrenage, qu’il va réussir à enrayer, mais pas à stopper. Scénario ultra classique, avec pour base, la fameuse théorie du complot. Impeccablement ficelé, comme un saucisson de campagne, et même pas de bluff. On sait ce qu’on va trouver. Poursuite, explosion. Alain joue le culte Delon. Gerfaux c’est une couverture pour mettre en lumière le savoir-faire de l’acteur culte.
On ne prend pas le spectateur pour un idiot, ni pour un cinéphile. Et avec en cadeau bonus, la série de gueules qui apparaissent à l’écran. Les fameux seconds-rôles dont on ne se rappelle jamais le nom, mais toujours de la tête. Une accumulation de morts violentes plus tard, et notre héros national, accusé à tort, qui court pour sa survie. Cours, Alain, ou plutôt Michel. Cours ! Alors pourquoi je suis accroché ce film alimentaire là, plutôt qu’à un autre ?
Et bien j’aime ce côté linéaire, assumé, et qui monte crescendo jusqu’au final. J’ai toujours aimé les théories du complot. Derrière la théorie, il y a souvent quelque chose de vrai qui se trame, et qu’on nous cache. On nous cache tout. On nous dit rien. J’aime cette vision romantique du héros seul contrez tous, surtout si le gars n’a rien à se reprocher, et ne fait que se défendre. Cours, Alain, cours ! J’aime ces cascades « artisanales », mais tellement réelles, surtout qu’on en fait pas trop. Ça reste crédible. Et cette narration sans prétention aucune. Et la beauté italienne de service, qui a un accent à couper au sécateur, et des jambes interminables, la cerise sur le gâteau. Tout est là, pour plaire. Bien noué pour qu’on encaisse en pleine poire, efficace comme on savait le faire à l’époque, et bien moins aujourd’hui. Pas de fioritures, droit devant. Professionnel, toujours. Avec talent?
Bien sûr.
Et cette fin. Cette fameuse fin qui m’a marquée à jamais, le soir où j’ai vu ce film pour la première fois, il y a longtemps, maintenant. Choquant, cette fin.