A la manière de son rival et ami Jean-Paul Belmondo, Alain Delon va faire son film annuel, présenté comme un évènement, et quoi de mieux qu'un polar où il tient un flingue, sort avec une femme bien plus jeune que lui, et qu'on voit en plus dans le plus simple appareil ?
Une nuit, en rentrant chez lui, Alain va sauver un homme blessé par balles dans une voiture, et va l'emmener à l'hopital où la personne succombera de ses blessures. Ce dont il ne se rend pas compte, c'est qu'il a mis le doigt dans un engrenage infernal, où on va tenter de l'éliminer lui aussi, mais aussi sa maitresse (Dalila Di Lazzaro), car on croit qu'il sait beaucoup trop de choses alors que non en fin de compte...
Quelque part, c'est presque une version contemporaine de Monsieur Klein, dans le sens où Delon vit à nouveau un cauchemar Kafkaien, on va chercher plusieurs fois à le tuer, voire à le noyer sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. D'ailleurs, l'ambiance est particulièrement bien restituée, celle de la suspicion et de l'angoisse, comme le montre cette scène où, à un restaurant, on le demande au téléphone au sous-sol, mais comme il craint qu'on attente à sa vie, il se refuse de descendre les escaliers, et préfèrera prendre l'appel au comptoir où, bien entendu, il n'y a personne au bout du fil.
Après, c'est une production Alain Delon, qui aussi coécrit, et s'il est presque logique de le voir tout le temps, il y a aussi Michel Auclair ou encore Bernard Le Coq, mais ils sont vraiment écrasés par la présence presque féline de l'acteur, dont on peut dire qu'il a des capacités innées pour l'utilisation d'armes à feu.
Sans en révéler trop, c'est un film qui comporte deux fins, au point que des distributeurs étrangers n'en garderont qu'une des deux afin de garder une certaine image de l'histoire. Mais malgré ça, 3 hommes à abattre est encore une réussite, et prouve que l'association Delon/Deray donnait, près de douze ans après La piscine, de bons résultats.