Après l’adaptation du roman Au revoir là-haut (Prix Goncourt 2013) signé Albert Dupontel, Pierre Lemaître collabore ici à l’écriture avec Nicolas Boukhrief afin d’adapter son autre petit bébé : Trois jours et une vie (2016). Si la première adaptation fût assez différente de l’oeuvre originale mais parfaitement maîtrisée, celle de Boukhrief reste plus fidèle mais plutôt maladroite dans les séquences clés du film.
Adapter un écrit à l’écran n’est pas chose aisée, surtout celui-ci. Cependant Bouhkrief parvient à retranscrire en 2h de temps un récit comprenant de nombreux points pivots et de rebondissements. Si le livre est profondément dur et cruel envers le jeune et le moins jeune Antoine, le film essaye de l’être mais commet de nombreuses maladresses :
La mort du petit Rémy est amenée rapidement, ce qui est plutôt une bonne chose puisque le reste du film se concentrera non pas sur la cause de sa mort mais sur ses conséquences. Des conséquences qui seront terribles d’une part sur la famille de ce petit mais également sur la vie d’Antoine. Cependant ce coup de théâtre tombe un peu à plat, la faute au jeu d’acteur sans aucune nuances du jeune Jérémy Senez, à un montage un peu foireux ou alors à une mauvaise construction des personnages ? Un peu de tout je suppose.
Le jeu d’acteur. Selon moi le gros point noir du film. Le scénario étant bien costaud et chargée de scènes « chocs » et accumulant les problèmes dans la vie d’Antoine, les acteurs ont alors la lourde tâche de ressentir et de faire ressentir ces moments traumatisants. Car si la vie du petit Rémy est enlevée, c’est également celle d’Antoine qui en compatira le plus. Mais voilà, Antoine (jouée par Jérémy comme dit plus haut, puis par Pablo Pauly) est totalement dénué de sentiments, de réactions, pourquoi pas la jouer comme Gosling, mais ce dernier apporte des nuances dans le jeu… À contrario, Sandrine Bonnaire joue avec justesse une mère protectrice (par bien des égards), de même que Charles Berling, père dévastée par la disparition de son fils.
La construction du personnage d’Émilie (jouée par Margot Bancilhon) est assez bâclée. Véritable pièce maîtresse dans le roman et décrite par Antoine comme une femme abjecte l'empêchant de mener une vie qui l’aurait éloigner des démons du passé, est ici décrite comme un personnage plutôt banal.
Si la critique paraît sévère c’est en grande partie car le roman caractérise à merveille les personnages, notamment celui d’Antoine qui ici n’est ni joué ni exploité à sa juste valeur. Cependant le film repose sur un excellent scénario, ma critique aurait sans doute était différente si j’avais lu le livre après avoir vu le film. Donc un conseil, allez le voir puis lisez-le, il en vaut la peine !