Après Le chardonneret, très décevant, Trois jours et une vie est une autre adaptation d'un excellent roman (Pierre Lemaitre) qui se révèle incapable de susciter autant d'émoi que le matériau originel. Le film est pourtant très fidèle au livre, trop peut-être, et il ne cède pas à la mode des flashbacks entrelacés pour faire monter l'inquiétude. Le trouble et l'angoisse ressentis durant la lecture de Trois jours et une vie, au-delà même du suspense, et davantage lié à l'acte initial de l'accident meurtrier, se retrouvent difficilement dans la mise en scène de Nicolas Boukhrief, propre mais principalement illustrative, sans parvenir à plonger dans les tréfonds de l'âme du coupable. La question la plus lancinante du roman était : comment continuer à vivre avec un poids sur la conscience aussi énorme et le film n'arrive presque jamais à faire de cette interrogation centrale une affaire douloureuse et ambigüe. Plus réussie,il faut l'avouer, est l'atmosphère simenonienne de la petite commune des Ardennes belges qui sert d'écrin à l'histoire avec son climat rude et sa forêt profonde. Peut-être a t-il manqué à Boukhrief l'audace de s'éloigner du roman pour faire une oeuvre plus personnelle ? Ceux qui ne l'ont pas lu trouveront sans doute leur compte dans une narration qui peut compter sur de remarquables interprétations, celles de Sandrine Bonnaire et de Charles Berling, en particulier.