N'est pas Chabrol qui veut.
On saisit bien ce que Boukhrief veut faire avec son "Trois Jours et une Vie", c'est-à-dire le portrait désormais convenu d'une petite communauté vivant en quasi autarcie, et enfouissant ses secrets honteux, qui finissent par condamner tout le monde à une vie sans lumière, sans joie, sans espoir. Très bien, et ce d'autant que le livre de Pierre Lemaître dont le film est tiré (Lemaître ayant par ailleurs participé à l'adaptation) a fort bonne réputation.
Et pourtant le résultat est quelconque, frôlant même occasionnellement le désolant. Des dialogues qui sonnent faux, des situations maladroites auxquelles on ne croit pas une seconde, une interprétation fluctuante (Berling est affreusement mauvais, Bonnaire à des années-lumière de son génie passé, et l'enfant jouant le rôle principal dans la première partie du film échoue à faire passer le moindre sentiment), une mise en scène qui n'arrive jamais à créer un quelconque effet "oppressant" malgré la beauté de la nature des Ardennes belges... Pas grand chose à sauver, au point que, quand la prison se referme sur le héros, qui s'aperçoit par ailleurs que son acte a déjà condamné tous ceux qu'il aime à une vie de malheur, on est plus séduits par "le concept" que par son exécution dans un film auquel on n'est jamais arrivé à croire.
Bref, de très belles idées - qui viennent du livre, donc -, en particulier autour des conséquences de la méga-tempête de 1999, mais très, très peu de cinéma digne de ce nom.
N'est pas Chabrol qui veut, ni même Granier-Deferre, et "Trois Jours et une Vie" a plus une allure de téléfilm de la défunte ORTF.
[Critique écrite en 2020]