Paul Dédalus, sur le point de rentrer en France après plusieurs années d'exil, se remémore de trois périodes de sa vie passée: son enfance, un voyage scolaire en Russie, et son adolescence, rencontre avec l'amour de sa vie, Esther.


Si la première partie est rapide et pose le socle d'une enfance violente entre sa mère instable et ses fugues pour fuir un père violent, la 2ème est l'occasion de poser, avec beaucoup de délicatesse, la question de l'identité à travers une mission menée à bien par notre héros: Paul confie pendant un voyage scolaire en Russie de l'argent et son passeport à des juifs voulant aller en Israel, et se crée ainsi un double. On bascule alors pendant un instant dans le film d'espionnage pour ensuite revenir à ce qui sera le coeur de ce récit: l'adolescence de Paul et la description de son personnage.


Cette partie là, la plus intéressante, va reposer essentiellement sur les 2 jeunes acteurs, au jeu intense et très juste: on est loin de la chronique adolescente fade et mièvre. Les tirades de notre héros aux airs d'Antoine Doisnel tombent juste, la petite bande qui vit en autarcie et surévalue ses histoires d'amitié et d'amour,et on se plait à s'attacher à ces personnages et leur errance amoureuse.


Plusieurs procédés qui auraient pu avoir du mal à passer sont là très bien maîtrisés: les split screens, la voix off utilisée pour décrire les états d'âme des différents protagonistes, qui n'est pas loin de rappeler celle des films de Truffaut, ou encore la description des échanges de lettres entre les 2 amants.


La légèreté de ce film vient surtout du fait de ne jamais se prendre au sérieux, et c'est là une vraie force de Desplechin: décrire une période de la vie déjà mille fois traitée sans qu'à aucun moment on n'ait une impression de déjà vu.

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le 5 juin 2015

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