OMG que ce film est détestable. Que ce soit les choix de réalisation (l'effet rétro de l'annonce des parties, les "split screens" et les effets "scope", la troisième partie qui occupe à elle seule les trois quarts du film, les ralentis, la correspondance épistolaire filmée, le mini-film d'espionnage dans le film...) ou le jeu des acteurs (Esther faussement naïve, Paul jeune faussement détaché, Paul vieux vraiment verbeux, le manque de naturel des dialogues, alambiqués pour utiliser un mot qui l'est tout autant, et les acteurs qui s'adressent directement à la caméra mais en fait à qui ? Au spectateur ? À un autre personnage ? Au projectionniste ?...), rien ne m'a ému dans ce film qui part pourtant de l'idée touchante que les souvenirs sont tels des cicatrices. Tout le monde se masturbe joyeusement, que ce soit le réalisateur qui se regarde filmer ou les acteurs qui s'écoutent jouer. J'ai trouvé le tout très pédant, manquant de naturel, limite méprisant pour le spectateur qu'on laisse baigner dans un océan opaque malvenu. Pourtant ils sont mignons tout plein, Paul et Esther, ils font sourire.
Alors oui, on peut trouver la complexité et la densité de ce film stimulantes, euphorisantes, mais cet élitisme cinématographique me laisse de marbre. On ressent toutefois l'intérêt du réalisateur pour les films américains populaires, avec ce film qui se veut un "prequel" de "Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)" (film que je n'ai d'ailleurs pas encore vu, mais en ai-je vraiment envie maintenant ?) mais aussi un "teen movie" avec des ados qui jouent aux adultes pour mieux s'affranchir de leur monde et créer le leur. Malheureusement, ce film manque clairement d'humilité, avec un côté élitiste trop souligné. C'est dommage parce que Roubaix par exemple, ville triste et humble s'il en est, est élevé au rang de peinture et c'est une des forces du film, même si le réalisateur reste clairement dans sa bulle, une sphère haute, et qu'il n'arrive pas à dépeindre des personnages variés, comme s'il vivait dans une forme d'apartheid pour reprendre ses mots.
Un avis est par définition subjectif et j'avoue m'être endormi pendant un bon quart d'heure, donc je le suis d'autant plus, subjectif. On sent une forme de curiosité chez ce réalisateur, et l'altérité et l'humanité sont des concepts qui m'émeuvent particulièrement, mais il ne les touche jamais du doigt et se replie dans ce qu'il semble apparemment savoir faire de mieux : se regarder le nombril.
PS : Dédalus / le dédale / la tapisserie motif labyrinthe... "LOL"