Le film plaira ou agacera selon que l'on sera sensible ou allergique au style un peu maniéré de Desplechin.
Certains lui ont reproché une troisième partie démesurément longue et de fait elle occupe les trois quarts du film, la première ne durant que quelques brèves minutes. Pourtant cette dissymétrie me semble être une des bonnes idées du film venant casser la construction habituelle des triptyques en trois parties rigoureusement égales.
L'introduction, en mode rétro, convoquant les derniers souvenirs de la mère, est traité comme un songe (un cauchemar ?) avec des scènes et des directions d'acteur volontairement caricaturales. Elle pose une dimension fondamentale du personnage de Paul, son rapport initial à sa mère.
La deuxième partie, racontant un épisode aventuresque de notre Paul Dédalus en culotte courte au pays des Soviets (excellent Quentin Dolmaire), n'est pas déplaisante. Là aussi on sent poindre l'ironie dans un traitement aux accents parodiques de cette histoire d'espionnage qui n'engage que celui qui la raconte. Nous sommes à ce moment du film dans le récit de Dédalus à un officier de la sécurité (André Dussolier). Dédalus baratinant son histoire de jeunesse invraisemblable à Dussolier n'est pas sans rappeler le Verbal Kint (Kevin Spacey) de Usuel Suspects donnant sa version des faits à l' inspecteur qui l'interroge.
La dernière partie est de mon point de vue la moins réussie. Je n'ai jamais vibré à cette histoire d'amour dont on ne comprend pas vraiment les raisons de l'échec, même si on en constate les effets. Et je n'ai pas été sensible au personnage d'Esther pourtant très bien interprétée par la toute jeune Lou Roy Lecollinet. Mais c'est un point de vue très personnel.
Un bon film malgré tout.
6/10