Il y a certains films muets qui font oublier aussi sec cet aspect de leur personnalité, à chercher dans les dernières années de cet art, quand la maîtrise est telle que les histoires se passent de mots, ce qui n’empêche d’ailleurs pas celui-là d’en regorger de bons, et des meilleurs…

Histoire absolument merveilleuse d’une ruée vers la terre avec un grand dadais gentillet (George O’Brien) et une pauvre orpheline méritante (Olive Borden). Pour changer de l’ordinaire, trois anges gardiens bourrus à la conscience élastique décident de s'occuper de la petite et du tourtereau potentiel qu’ils se chargent par ailleurs de lui fournir…
Trois gibiers de potence, trois graines de bagnards poussées trop vite dans une terre inhospitalière qui vont, 6 ans après Les Hommes marqués, 22 ans avant Les Fils du désert prouver une fois de plus toute la beauté que sait retirer le cinéaste d'un trio de malfrats au grand coeur...

Et là, forcément, ça confine au génie, Ford n’ayant pas son pareil pour mettre en valeurs les plus jolies trognes à l’Ouest du Pecos, c’est un défilé de mimiques merveilleuses, de chique juteuse, de barbes hirsutes, d’œil torve mais doucereux, de regards chassieux mais purs, de tarins magnifiques au service d’un petit bout de femme plus vif qu’il n’y parait de prime abord…

Ca déborde d’anecdotes vécues, surtout pour la ruée en elle-même, d’une virtuosité hallucinante, et chaque petit morceau avec nos trois loustics sont des bijoux de drôlerie tendre. Le drame a pourtant aussi sa part, caché derrière une vraie raclure des grands jours, et c’est l’occasion pour Ford de donner à ses plans tout son sens du cadrage et de la lumière, comme cette nuit aux flambeaux par exemple…

De ce mélange doux-amer ressort forcément notre triplette au grand cœur : Tom Santschi, J. Farrell MacDonald et Frank Campeau, à chacun sa spécialité vestimentaire ou pileuse, à chacun sa gouaille aussi, tant leurs grimaces se font loquaces, et tous de mettre leurs capacités un peu spéciales au service d’une seule parce que les jolis minois peuvent-être terriblement persuasifs.

De l’œuvre muette de Ford il ne reste pas grand-chose en comparaison de l’ensemble, un scandale au vu de la qualité de ceux qui restent, et une raison comme une autre pour se précipiter d’urgence vers ces Trois sublimes canailles que vous n’oublierez pas de sitôt…
Torpenn
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le 5 nov. 2013

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Torpenn

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