Un jeune garçon, convaincu de l'existence de trolls maléfiques, met en garde son entourage. Mais sa famille n’en tient pas rigueur et ils vont amèrement le regretter lorsqu’ils vont faire une halte dans un bled paumé, peuplé d’autochtones pour le moins... bizarres.
Le début de carrière en tant que réalisateur, du cinéaste italien Claudio Fragasso était ponctué de nanars, on lui doit Virus cannibale (1980), Les rats de Manhattan (1984), Zombi 3 (1988) ou encore Mission suicide (1988), tous co-réalisés avec Bruno Mattei. Cette fois-ci, il passe en solo derrière la caméra et réalise sans le savoir, celui qui deviendra son film le plus reconnu mondialement.
Troll 2 (1990), qui n’a rien à voir avec Troll (1986) de John Carl Buechler, n’est rien d’autre qu’un énième nanar dans sa filmographie. Le budget est modeste et sortira dans l’indifférence la plus totale mais, contre toute attente, il connaîtra une hallucinante renommée quelques décennies plus tard, à l’occasion de diverses projections lors de séances de minuit et dans des ciné-clubs. Ce qui permettra de révéler aux yeux du monde entier, ce petit film tellement insignifiant que même ses acteurs principaux en avaient oublié l'existence (ils n’étaient même pas au courant que le film avait été exploité en VHS et l’ont découvert par le bouche à oreille, leur permettant ainsi de le voir pour la première fois).
Le film de Claudio Fragasso a amplement mérité son statut de “nanar culte” (il est même catalogué par certains comme étant "l’un des meilleurs pires films du monde") tant il n’y a rien qui va. Le scénario est d’une bêtise déconcertante (en gros, les trolls se nourrissent des humains, mais comme ils sont végétariens, ils doivent d’abord les transformer en plantes vertes avant de pouvoir les dévorer). Ce qui est prodigieux avec ce film (et c’est d’ailleurs, ce qui en fait toute sa force, à condition d’apprécier les nanars), c’est que l’intégralité du casting ne sait absolument pas aligner une ligne de dialogue sans jouer faux. Côté costumes, là aussi, le film regorge de surprises, à commencer par les trolls, interprétés par des nains (aux yeux globuleux) dans des déguisements dignes d’une kermesse, sans parler des maquillages grotesques pour représenter les humains transformés en plantes vertes.
C’est grossièrement interprété et réalisé à la truelle (certains plans en caméra portée donnent l’impression d’avoir été faits par un opérateur atteint de la maladie de Parkinson). Petite recommandation, qui a toute son importance, il est vivement recommandé de voir ce film en VF tant le doublage est lui aussi particulièrement gratiné (mention spéciale à Joshua (doublée par Brigitte Lecordier) ainsi que bon nombre de villageois).
Bref, c’est un joyeux fourre-toi bordélique, avec une musique au synthé sortie de nulle part, un festival de la junk-food fluorescente à vous filer la gerbe, un surjeu au niveau de l’acting qui dépasse l'entendement (l’horripilant Joshua ou encore la sorcière Leonore), des gimmick improbables (mémorable grand-père Seth ou encore
la scène de sexe qui se transforme en éruption de pop-corn),
des scènes surréalistes
(Joshua qui sort sa teube en plein repas de famille pour pisser sur le repas),
un mensonge éhonté (le film s’appelle Troll 2, pourtant, vous n’en verrez aucun et pour cause, ce sont tous des Goblins), …. C’est pour toutes ces choses là qui font de cette fausse suite (la aussi mensongère), une sommité dans la culture nanardesque et qui lui vaut d’ailleurs et à juste titre, un remarquable documentaire réalisé par Michael Stephenson (qui interprétait Joshua) avec Best Worst Movie (2009), qu’il vous faut impérativement voir dans la continuité du film.
(critique rédigée en 2010, actualisée en 2024)
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