« Tu crois que c'est des écureuils qui ont fait ça ? »
Basé sur une configuration de départ similaire à Blair Witch (deux gars, une fille, une caméra kibouge), The Troll Hunter s'éloigne très vite du docu-fiction sur la sorcière de Blair pour nous montrer qu'il a moult qualités norvégiennes à apporter au cinéma caméra au poing.
À commencer par les magnifiques grands espaces nordiques : les fjords, les cascades, les lacs, les montagnes humides, ça pourrait presque ressembler à une pub genre « La Norvège, ça vous gagne » (oui, ça rime pas, oui, faut pas trop m'en demander, je suis pas partie en vacances cette année). Je me suis vraiment dit plusieurs fois que ce pays avait l'air magnifique, et que ça changeait des forêts aux tons oranges ou des mégalopoles de béton et d'acier ; on peut dire que c'est rafraichissant visuellement. Pour rester dans le visuel, les effets spéciaux sont carrément convaincants et à aucun moment je me suis dit que les monstres sonnaient faux. Du bon gros troll poilu, massif, puant et plus vrai que nature. Je les aurais pas imaginés autrement.
D'ailleurs, ils ont l'air de convaincre aussi nos protagonistes norvégiens, biberonnés aux histoires de trolls comme nous le sommes aux contes de Perraut. Le scepticisme bienvenu du début fait place à un émerveillement et à une curiosité qui vont donner lieu à quelques scènes savoureuses de questions-réponses avec Mister Troll. Le parallèle entre la gestion des trolls et la protection des animaux est vraiment bien vu, et rend le truc plutôt crédible : la vétérinaire n'en fait pas trop mais nous fait ressentir son empathie, et Hans, cet Homme, ce roc, cette incarnation de la badassitude fatiguée, est joué par un Otto Jespersen absolument parfait. Les scènes les plus épiques du film lui doivent tout (cette armure <3). Les étudiants en cinéma sont crédibles : jeunes, naïfs et enthousiastes ; et les seconds rôles sont assez savoureux également (le ministre qui s'emmêle les pinceaux devant les caméras, les livreurs polonais !).
La (classique) théorie du complot est ici très bien maîtrisée. Ainsi, cette scène chez les techniciens (+ bureaucrates que techniciens) EDF norvégiens fait rire et sonne juste en même temps, et la scène finale est un joli clin d'œil.
Je ne vois pas de points négatifs à The Troll Hunter. Les pisse-froid diront « shakycam », « déjà vu depuis Blair Witch » (déjà vu depuis Cannibal Holocaust, même, mais ça n'a jamais empêché personne de faire du bon cinéma même si y'a des précédents (d'ailleurs, c'est pas dur de faire mieux que CH (oh j'ai réussi à placer un troll dans une critique de film de trolls))), « too much » (je refuse de concevoir qu'on puisse trouver Hans too much : Hans est parfait !), « les trolls sont nuls » (je sais pas quoi faire pour toi), « l'histoire est nulle » (c'est un film d'action, et hell yeah il est efficace !).
Donc, si vous aimez les bons films d'action, avec des personnages charismatiques, des théories du complot judicieusement traitées, des acteurs et des rôles vachement crédibles et des jolis trolls qu'ont même pas l'air en carton, restez pas là bordel, courrez au ciné le plus proche (ah oui, faut le voir sur grand écran, les grognements de trolls [bruits d'estomac de Spark] rendent mieux en Dolby Surrond t'sais) !!!
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