Pour les deux du fond qui croient encore que Marilyn Monroe était une actrice dénuée de talent, juste bonne à jouer de sa beauté et de sa cinégénie exceptionnelles dans le registre de la blonde idiote, un conseil, allez visionner ce Don’t Bother to Knock. Allez d’ailleurs visionner même un maximum de films avec cette star pour vous sortir cette fausse image de l’esprit, mais c’est un autre sujet. Bref, Marilyn Monroe était au contraire une actrice très talentueuse. Elle voulait vous mettre mal à l’aise, ben, elle vous met mal à l’aise. La preuve avec ce Don’t Bother to Knock dans lequel elle incarne une névrosée démunie et suicidaire à qui est confiée, inconsciemment, la garde d’une enfant.
Les séquences qu’elles partagent avec Richard Widmark (impeccable, lui aussi, dans le rôle d'un faux cynique qui va devoir se détacher de son attitude de façade pour se révéler son empathie !) et/ou la petite silhouette reconnaissable, entre toutes, ainsi que charismatique d’Elisha Cook Jr. sont très tendues comme il le faut. À côté de cela, cette noirceur est tempérée (sans que cela se fasse au détriment de l’atmosphère d’ensemble, car ça apporte de la consistance au rôle incarné par Widmark !) par une rayonnante Anne Bancroft, en femme d’apparence douce, mais forte de caractère, en sachant ce qu’elle veut. Elle fait ici ses débuts au cinéma. C’est facile à dire avec le recul, mais, en toute franchise, ce n’est pas étonnant qu’elle ait fait une belle carrière par la suite. Par contre, ce n’était pas la peine de ralentir le début du film en faisant faire interpréter autant de chansons à son personnage (la comédienne a été doublée lors de ces prestations vocales, donc ce n'est pas réellement Bancroft qui chante !) ; et ceci, juste dans l’optique de faire durer le truc plus longtemps pour atteindre le temps d’un long-métrage.
Il y a aussi un petit côté Fenêtre sur cour avant l’heure intéressant dans la manière dont le personnage de Marilyn et celui de Widmark se rencontrent, en s’attirant mutuellement l’attention par les fenêtres de leur chambre d’hôtel, située l’une en face de l’autre.
Dommage que tout ce côté malaisant soit coupé inutilement par des touches d’humour n’ayant pas leur place ici, n’apportant absolument rien à l’intrigue principale (pareil que pour la plupart des chansons susmentionnées, vous les retirez, vous ne faites qu’enlever de la pellicule, c’est tout !), à l’instar de la dame qui a un dalmatien désobéissant ou du vieux couple qui se chamaille tout le temps. Ce sont certainement des ajouts pour faire durer un long-métrage un peu plus longtemps. C’est vrai que même avec cela, il est assez court avec ses 76 minutes au compteur. Mais il aurait mieux valu que le tout soit plus proche d’un moyen-métrage, que d’un long, que de voir une atmosphère anxiogène efficace se faire dissiper par ce type de séquences en trop.
Ouais, c’est surtout pour sa distribution que ce thriller vaut le détour. En particulier pour Marilyn Monroe, inspirant ici autant la pitié que la crainte, qui montrait qu’elle était beaucoup plus qu’une incarnation légendaire de la blonde platine.