Avant toute chose, il faut évacuer tout de suite le film antérieur de Henry Hathaway, 100 dollars pour un shérif, avec John Wayne, car le traitement des frères Coen n'a rien à voir, excepté le pitch. Au-delà, ça va considérablement varier, et ce pour notre plus grand plaisir.
Ceci étant dit, les frères Coen s'attaquent au genre américain par essence, le Western. Et, comme on pouvait s'y attendre, ils ne font rien comme les autres et cela donne un résultat très mélancolique, assez drôle parfois, et au fond un film extrêmement touchant, car tapant sur les codes du Western.
Ici, le héros est une jeune fille, incarnée avec talent par Hailee Steinfeld, qui cherche à se venger de l'assassin de son père et qui devra louer les services d'un shérif ivrogne, campé par Jeff Bridges, auquel va s'agglutiner un gunslinger joué par Matt Damon.
Depuis la grande époque des années 1950-60, le Western est un genre qui se raréfie, mais on en oublie que les films y sont très souples dans leur manière de traiter l'histoire, et True Grit fait partie de cette grande lignée.
Baigné dans une lumière fabuleuse, le film n'est au fond qu'une fuite en avant du passé de la jeune fille, laquelle résumera tout ça à la fin sur la futilité de la vengeance.
Il est intéressant de voir que ici, c'est la femme qui est supérieure aux hommes, ceux-ci paraissant comme abrutis, ivrognes, bêtes comme leurs pieds, et incapables de marcher droit. Cependant, une dernières scènes scène du film inverse magnifiquement ce rapport, quand Rooster Cogburn assumera enfin sa fonction d'homme sauvant la frêle jeune femme d'un nid de serpents.
Bon, il faut dire que j'ai une forte empathie pour le genre du Western, mais difficile de ne pas accrocher à ce film, que j'ai trouvé formidable du début à la fin, en espérant chaque année qu'on ait régulièrement droit à un film de cette trempe.