Comme on est chez les frères Coen : c’est macchabés à tous les étages, humour très noir.
Ainsi lorsque lorsque la jeune fille arrive en ville, elle trouve refuge chez le responsable des pompes funèbres lui proposant de passer la nuit dans un cercueil.
Et en premier abord, avec le monologue d’introduction de l’héroïne adulte, ça sent le truc religieux pompeux mais la religion ne sera que ponctuellement citée.
La jeune fille (Hailee Steinfield, 13 ans, impressionnante, charismatique, de presque toutes les scènes) a beaucoup de caractère, en impose, dit ce qu’elle pense.
Ainsi la scène avec l’espèce d’avocat (magnifiquement doublé en vf par Roger Carel dont ses répliques m’ont rappelées certaines d’Hercule Poirot) où elle passe un marché avec lui est hilarant. Chez les frères Coen, on parle beaucoup, surtout pour ne rien dire : dans le genre « film bavard », « True grit » se pose là : rarement un personnage se tait et chacun s’en rend compte : le Marshall (incarné par un Jeff Bridges qui en fait des caisses, tellement qu’il a fini par me lasser) monologue sur ses ex femmes pendant le trajet à cheval et le Texas Ranger (Matt Damon lui aussi excessif, à contre-emploi surtout au début où outre son insinuation pédophile envers l’héroïne, il la frappe avec un feuillage plus tard) parle aussi beaucoup : racontant ses faits d’armes.
Et évidemment l’héroïne parle aussi beaucoup.
Les dialogues sont excellents, avec des points d’humour raciste comme un personnage appelé « Bob le Metec » et d’autres noms totalement burlesques.
J'ai été amusé et choqué aussi : frères Coen oblige on a du mort bien dégueulasse : du type qui se fait couper les doigts au squelette en décomposition sur lequel la jeune héroïne espère piocher un couteau à la fin.
J'ai apprécié les trois personnages principaux : derrière son caractère très fort, la jeune Mattie est soudainement parfois émue et se rappelant qu’elle n’est qu’une jeune fille pas encore totalement au fait de tous les dangers de ce monde. Le vieux Marshall lui derrière son alcoolisme et ses autres excès est un type percuté par la vie et le jeune Texas Ranger derrière sa violence éprouve des regrets. Chaque personnage est plus fragile qu’il n’en donne l’apparence.
Même Ned Pepper (incarné par Barry Pepper, irrésistible, dents pourries) kidnappe tout d’abord la jeune fille avant de lui proposer à manger et à boire et de l’écouter raconter ce qui est arrivé à son père et lui donne aussi des explications.
Le film évoque finalement une aventure juste le temps de, une rencontre et une amitié improbable, inoubliable entre un Marshal fatigué, un Texas Ranger résigné et une jeune fille en deuil, finalement trois êtres écorchés par la vie. A la fin
, en voix-off, Mattie devenu adulte apprend que le Marshal est décédé trois jours avant qu’elle ne lui rende visite et se demande ce qu’est devenu le Texas Ranger, finissant par cette phrase limpide mais terriblement en accord avec mes pensées du moment : « Le temps nous file entre les doigts. », je suis assez étonné des frères Coen, pas très philosophes d’habitude.