« True Story » : le titre annonce la couleur. Raconter ce récit assez incroyable en sachant qu'on ne pourra contredire les faits puisqu'ils sont (plus ou moins) authentiques. D'ailleurs, j'avoue que pendant un certain temps j'ai marché, intrigué par la façon dont le récit était construit : se focalisant sur le portrait d'un journaliste déchu suite à une énorme faute professionnelle, puis son incroyable opportunité de « revenir dans la partie » lorsqu'il apprend qu'un homme accusé d'avoir assassiné toute sa famille utilisait son nom avant d'être arrêté.
Commence alors un séduisant jeu de dupes entre les deux hommes, hélas assez platement mis en scène par Rupert Goold, vouant notamment une véritable passion au champ/contrechamp. Cela manque de soufre, d'ambiguïté, malgré quelques scènes allant en ce sens plutôt réussies, notamment celle faisant intervenir la compagne du héros, dont le monologue sur
Carlo Gesualdo
s'avère des plus efficaces.
Le rythme se traîne un peu jusqu'au procès, où
le véritable visage de Christian Longo est révélé, dévoilant le manipulateur génial qu'il est, le spectateur (du moins votre serviteur) se révélant pour le coup beaucoup plus naïf que le jury... On s'en voudrait presque d'avoir été baladé comme ça, nous sentant plus que jamais à la place de notre héros, sans pour autant empêcher le pouvoir de fascination de l'assassin sur lui.
Dommage qu'une fin sans envergure vienne conclure mollement l'intrigue, James Franco, convenable, n'étant pas forcément le meilleur choix pour interpréter un personnage aussi retors, au contraire d'un Jonah Hill parfaitement à l'aise dans cet intéressant contre-emploi. Intéressant, donc, à défaut d'être l'œuvre complexe et ambiguë qu'elle aurait pu être avec plus d'ambition et de talent.