Traiter de la pédophilie et du danger d'internet est loin d'être une chose aisée au cinéma quand on peut très rapidement tomber dans les pires clichés et facilités de tout bords, le tout ne se transformant au final qu'en sorte de campagne de prévention pour la télévision. Pourtant Trust à parfaitement réussi son pari, sans jamais réellement tomber dans la facilité ou dans le trop sensationnel rape & revenge.
Trust surprend même parce qu'au final cette histoire de confiance ne se situe pas seulement dans la relation réel/virtuel ou dans la simple idée de danger à avoir confiance en une personne inconnue. Elle se situe aussi dans cette relation qu'ont des jeunes d'aujourd'hui vis à vis des adultes, dans l'évolution des relations d'une famille suite à l'évènement tragique. En bref, Trust au lieu de rester dans un carcan linéaire, cherche à toucher un peu à tout. Ce n'est d'ailleurs jamais bon signe mais bizarrement j'ai trouvé que David Schwimmer à réussi le pari haut la main, sans tomber dans le misérabilisme total.
C'est peut-être aussi tout simplement cette volonté de montrer les choses de manière réaliste, sans omettre de détails. La façon dont l'enquête progresse, la manière dont les gens perçoivent l'acte et le fait de mettre de côté justement ce viol qui au final n'est qu'un élément déclencheur de l'action. De cette manière le réalisateur à tout le champ libre pour développer son sujet, mêlant paranoïa du père, détresse de la mère, dépression de la fille et enquête policière qui s'étend sans donner de réponses précises, amenant ses déceptions et ses espérances.
Pourtant Trust n'est pas un grand film à proprement parler, Schwimmer ne cherchant pas à adresser de réel message, restant dans l'ombre d'une mise en scène assez plate, sans grande envolée. Tout est très froid, monotone et ce n'est pas les quelques messages inscrits à l'écran qui rehaussent le niveau tant cela tient presque du classique quand il s'agit d'un sujet mêlant les chats sur internet. Son but étant de simplement décrire une situation et la manière dont certains peuvent réagir. J'ai été époustouflé par cette jeune fille, convaincu d'avoir trouvé son âme sœur malgré qu'elle ait été violée, trompée et trahie. Avec quelle conviction elle faisait face à ses parents, jusqu'à prendre conscience de l'inévitable et permettre enfin à ses proches de reprendre le dessus.
J'ai aussi été impressionné par Clive Owen qui au final reste peut-être l'élément principal, ce personnage brut comme du roc qui failli à son rôle de protection et qui se retrouve pris dans un abyme dont il n'arrive plus à sortir.
Trust est je pense avant tout un film qui parle à son spectateur. Au lieu de lui présenter un message de prévention, une idée directrice, il préfère s'adresser à des personnes qui auraient probablement vécues ces situations. Je me personnellement retrouvé dans cette jeune fille, ayant moi-même vécu des relations douloureuses malgré la distance, j'ai vécu cette dualité constante avec des parents qui cherchaient simplement à m'aider, me défendre contre moi-même. Et je trouve aussi la réaction du père plausible, naturelle, parce que si certains arrivent à faire face, d'autres perdent simplement les pédales. Et c'est exactement le genre de réaction que j'aurais si j'avais un enfant victime de sévices sexuels. Parce qu'après tout c'est le rôle d'un parent, de protéger son enfant.
Trust est bouleversant dans son côté relationnel, simplement. Peut-être en fait-il trop, peut-être qu'il instrumentalise son propos par moment, donnant par moment des scènes assez bateau et une fin qui laisse un peu en froid dans son générique, mais il est prenant. J'ai été impressionné par sa simplicité et malgré tout, sa dureté dans le message adressé. On est réceptif ou on ne l'est pas.
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