Dans la lignée de Les hommes du Président, voilà encore l'un de ces films américains qui me font aimer les Américains. Pas juste parce qu'en l'espèce ils partagent mon aversion pour la séquestration du pouvoir par des bateleurs rusés mais finalement glorieusement minables. En la matière, il s'agit de débattre en toute objectivité du doute plus que sérieux sur l'exemplarité de la carrière militaire de W dans la Garde Nationale, et donc de la probable solidarité de classe qui permet de caviarder la médiocrité sur les CV officiels et aux incapables notoires d'accéder à des responsabilités qui les dépassent. Non, ces films sont hautement recommandables aussi parce que la gravité des sujets abordés leur garantit le traitement le plus digne : photo classique et soignée, poids lourds à l'interprétation (impériale Cate Blanchett), scénario béton, progression imparable, etc. Du ciné à l'ancienne, comme je l'aime tant. Et puis, ces histoires de pot de terre contre des pots de fer, ça fait toujours mouche. Comment ne pas tressaillir quand une journaliste intègre et relativement seule doit faire face à une instruction à charge exclusivement masculine, à une sorte de tribunal professionnel de conservateurs encravatés hostiles à tout soupçon de gauchisme (et le gauchisme, aux États-Unis, ça commence à droite de l'UMP... ^^) ? Comment ne pas trouver sympathiques ces individus un peu inclassables (pour ne pas dire déglingués) qui mettent au-dessus de tout l'honnêteté, dans un monde aussi dévoyé que celui dont nous sommes les témoins consternés ? Évidemment, ça saute un peu sur les cordes sensibles à pieds joints, sans grande subtilité parfois, mais malgré tout avec une certaine élégance. Voilà, il s'agit aussi de ça : cette élégance de la pensée et de la forme dont on commence à chercher à la pince à épiler la moindre fibre dans la montagne de vulgarité actuelle... Encore heureux qu'on la trouve encore par ci par là ! Robert Redford (impérial aussi) a le nez creux, en général...