Dix ans après le survival viscéral Apocalypto, Mel Gibson remet enfin son casque de réalisateur avec Hacksaw Ridge. Oubliez le précepte du maladroit titre français Tu Ne Tueras Point : la foi inébranlable de son protagoniste principal et sa solide volonté de ne porter aucune arme ont beau être le fil rouge du récit, le film n'est en rien un acte pro-catholique. Embrassant l'étreinte du mélodrame, explosant les sources de la violence, Gibson, toujours aussi bon conteur d'histoire, use du contraste pour dénoncer de prime abord la stupidité de la guerre, ignorant volontairement l'histoire du conflit américano-japonais pour mieux jeter son personnage naïf, blessé, amoureux, sur les monts de feu, de cendre et de tripes. Une fois le combat engagé se déchaîne un véritable tableau des enfers, où les corps sont éjectés à outrance par les bombes, où les morceaux de cadavre servent de bouclier, où les charges s'apparentent à d'ancestrales batailles rangées, le tout enflammé par un découpage des plans aussi épique que grotesque. Et c'est là, sur ces terrifiants hauts de Hacksaw Ridge, que se révèle le vrai message très pur de Mel Gibson : un portrait universel de la tolérance, où l'Homme est capable de se transcender en comprenant et marchant aux côtés de celui qui croit.
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