"Tu ne tueras point" est un film sur un objecteur de conscience qui s’enrôle dans l'armée américaine suite à l'attaque de Pearl Harbor pour servir son pays, une bonne partie du film se déroule sur le font pacifique en 1945, peu avant la prise d'Okinawa.
La seconde guerre mondiale est l'un des thèmes que je préfère au cinéma, un de mes premiers film est le "Pont de la rivière Kwaï", le film de Mel Gibson sur la guerre du pacifique m'a donc tout de suite intéressé à sa sortie.
De nombreux films traitent de la guerre du pacifique, l'originalité de "tu ne tueras point" réside dans le fait que l'on suit l'histoire (vraie) d'un objecteur de conscience dans les rangs de l'armée américaine, Desmond Doss. On pourrait penser y voir une critique des horreurs de la guerre, le soldat Doss étant adventiste il refuse de tuer et même de porter une arme. Pour ma part j'y ai plutôt vu un énième film un peu patriotique glorifiant le courage des soldats américains (même non armés). Certes à un moment Desmond soigne des japonais en montrant que sa volonté de sauver des vies dépasse le conflit mais c'est assez rapide et pas trop approfondi. Et plus généralement dans le film le traitement des Japonais est quand même assez caricatural (kamikaze furieux chargeant à la baïonnette) et m'a un peu fait penser à la manière dont Clint Esatwood avait essayé de saisir la guerre du côté de l'ennemi dans "Lettres d'Iwo Jima".
En dehors de l'originalité pas très originale de "Tu ne tueras point" j'ai trouvé le film un peu long (2h11). Les 20 premières minutes du film m'ont paru interminables et sont un peu cliché, on y voit la jeunesse de Desmond, ce qui a forgé sa foi, pleins de références au seigneur toussa toussa, le calme avant la tempête. Il s'engage ensuite dans l'armée et le film passe en mode Full Metal Jacket avec Vince Vaughn en Sergent Hartman (un peu moins convaincant du coup, même si j'aime bien Vince Vaughn): Parcours d'obstacles, discipline militaire, brimades et même cour martiale.
Desmond et son unité sont ensuite envoyés au front et doivent reprendre une crête près d'Okinawa, on part sur une heure de bataille façon débarquement du soldat Ryan, des tripes, des explosions, des visages sales, du lance-flamme et surtout de la morphine le tout arrosé de copieux ralentis. Cette partie est bien foutue et même assez prenante.
C'est à ce moment que se dévoile la dimension du sauveur Desmond Doss, alors que tout le monde a battu en repli, [petit spoiler]
il reste sur la crête pour chercher les blessés et sauve quasiment toute sa compagnie tout seul, franchement maestro. Ses compagnons d'armes (enfin) convaincus par la puissance de sa foi attendent même qu'il ait fini de prier pour lancer l'assaut. Ce qui incarnera le mieux cet héroïsme, un peu abusé, disons le, est la "scène des grenades", Desmond et sa compagnie se font piéger par les Japonais qui leur lancent des grenades, Desmond tel Thierry Omeyer en finale de championnat du monde, renvoi alors deux ou trois grenades avec ses mains et ses pieds successivement.
Le visage juvénile d'Andrew Garfield ne nuancant en rien la lisseur de cet héraut de vertu.
Enfin malgré l'évolution victimisation ==> respect, des autres soldats à l'égard de Desmond, les relations entre compagnons d'armes sont peu mises en lumières, ce qui est dommage la fraternité entre les soldats et souvent importante dans les films de guerre et est assez porteuse d'émotions. A ce titre là, j'ai trouvé la relation entre Smitty et Desmond bienvenue.
Le film est tout de même assez prenant par moment et les scènes de guerre (biens sanglantes comme Mel Gibson les aime), prises de bunker, bagarre au couteau dans les tranchées et sniper embusqués, sont bien réalisées et immersives. Cependant dans l'ensemble je n'ai pas du tout été emballé, le film est trop patriotique/manichéen, peu nuancé, pas très original et son héros peu crédible et dépourvu de doutes, c'est dommage le postulat de départ était intéressant.