Admirateur inconditionnel de Braveheart, j'ai beaucoup apprécié l'engagement du réalisateur sur Apocalypto lors de sa sortie. Connaissant la ferveur religieuse de l'acteur réalisateur, même si je n'ai pas vu son oeuvre La passion du Christ, je savais à quoi m'attendre en allant voir Tu ne tueras point, film de guerre certes, mais fortement empreint de religiosité.
Même si les textes des religions monothéistes sont loin d'être mes livres de chevet, je ne pouvais décemment pas me plaindre du traitement accordé par Mel Gibson à son dernier film, pour cette thématique du moins.


Le film débute tranquillement, prenant le temps de présenter la famille du héros lorsqu'il est jeune, les aventures qu'il vit avec son frère, les difficultés rencontrées avec son père jusqu'à son engagement pour le conflit contre l'Empire du Soleil Levant. Cette partie pourra paraître un peu longue par moments. Cependant, je dois reconnaître qu'Andrew Garfield habite le rôle, même s'il présente souvent des yeux humides d'émotion.
L'entrainement au camp militaire avant le départ pour l'archipel nippon m'a semblé relativement aimable, le sergent instructeur se montrant, à mon goût, fort tolérant. D'aucuns l'ont comparé avec Full Metal Jacket, film que j'ai vu lors de sa sortie et qui m'était apparu alors autrement plus violent dans sa première partie liée à l'entrainement.
En revanche, dès que les combats commencent, point de concessions avec Mel Gibson, à l'instar de Braveheart. C'est même pire car les armes modernes, tels que le lance-flamme, produisent vraiment des effets atroces. Visuellement, c'est assez difficile à supporter même si l'utilisation des ralentis permet de mettre un peu de distance avec la boucherie qui se déroule sous les yeux du spectateur. Le réalisateur se sert d'ailleurs de ces innombrables morts brutales pour faire passer plusieurs messages. Si l'on voit dans que la foi, dans son propos, permet de se transcender, on mesure aussi l'absurdité de la guerre, véritable hécatombe au nom de ce qui serait le bien dans un camp et la mal dans l'autre.
Ce film ne m'est donc pas apparu manichéiste du tout, chacun ayant à cœur de défendre ses idéaux, quels qu'ils soient. Si les soldats japonais sont présentés par les américains comme des fanatiques, les soldats américains embrigadés par leur armée ne semblent guère valoir mieux.


La dernière partie du film pourra sembler peut-être un peu étrange lorsque le soldat Doss se distingue encore et encore en sauvant des vies. J'ai eu un peu plus de mal à suivre à ce moment-là ce personnage habité par sa foi. J'ai également été troublé par les témoignages, après le film, de personnes ayant vécu cette page de l'historie américaine, estimant un peu redondantes ces interviews.


Il n'en demeure pas moins que Mel Gibson s'est pleinement impliqué dans un projet qui lui tenait manifestement à cœur, que l'image est réussie et percutante. Il réalise des œuvres qui ne laissent guère indifférent. En cela, j'apprécie son travail qui n'offre pas des produits édulcorés et formatés, ce qui n'est pas si courant dans les salles obscures.

Apostille
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le 25 déc. 2016

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