Les Raisons du Cœur
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Roger Moore (et Loïs Maxwell) a donc définitivement tourné la page "James Bond". Le défi est donc de lui trouver un successeur crédible. Mais la tâche est moins ardue qu'en 1968 alors qu'il fallait succéder au créateur du personnage initial à l'écran. Cette fois, le public est habitué à l'idée du changement, et nombreux sont ceux qui le souhaitent depuis longtemps, Moore accusant son âge un peu plus à chaque film.
C'est donc Timothy Dalton (refusé en 1968 pour son trop jeune âge) qui, heureusement, reprend le rôle sous le nez de Sam Neill choisi initialement. Quasi-inconnu du grand public en dehors du Royaume-Uni, ce n'est pourtant pas le premier venu. Surtout présent au théâtre, shakespearien, on l'a notamment vu dans Le Lion en hiver ou Mary Stuart, reine d’Écosse et de nombreuses adaptations de classiques en costumes, loin du marché des blockbusters. Mais surtout, ce qui fait la différence avec tous les interprètes de Bond encore à ce jour, c'est le seul qui ait lu tous les livres de Ian Fleming. Et son interprétation en sera profondément marquée. C'est d'ailleurs, physiquement, celui qui ressemble le plus à la description de Bond par son créateur, la balafre sur la joue en moins.
Avec ce sang neuf, "James Bond" sort de la routine et gagne une nouvelle énergie. Et comme à chaque fois qu'il s'agit de revenir à une manière plus sérieuse et réaliste, comme avec Rien que pour vos yeux en 1981 (pour lequel Dalton avait été pressenti), on retourne puiser aux sources, à Bons Baisers de Russie. Pas de fioritures ici, donc. Les gadgets sont présents mais pas particulièrement mis en avant. Néanmoins, pour bien identifier Bond aux yeux du public, on recycle et adapte tout de même les séquences d'Aston Martin de Goldfinger (notamment le découpage de carrosserie).
Pour ce qui est de l'histoire, le scénario est tout à fait convaincant. On y trouve comme dans le film de 1963 un faux passage à l'ouest, et la manipulation du MI6 pour faire le sale boulot à la place d'un autre. Kara Millovy (Maryam d'Abo), dont la personnalité rappelle un peu aussi Tanya Romanova (Daniela Bianchi), est parfaite dans son rôle de personne normale plongée malgré elle dans des péripéties qui la dépassent. Elle est souvent touchante, mais pas potiche pour autant ; contrairement à ce que de nombreuses mauvaises langues, habituées aux Miss Monde* et Miss Univers* d'Octopussy, laissent entendre. Et puis, fait unique, c'est la seule Bond-girl du film (on exclue l'anecdotique plaisancière du prégénérique).
Et le reste de la distribution n'est pas en reste : John Rhys-Davies, qu'on ne présente plus, en Pouchkine, Joroen Krabbe, parfait en sale type manipulateur (Koskov), ou Art Malik en Kamran Shah. Seul John Terry (Felix Leiter) est un peu fadasse. Et puis, on apprécie aussi grandement la dernière participation de Walter Gotell, récurrent dans la série depuis dix ans en Général Gogol. Pour rappel, l'acteur était apparu pour la première fois dans la série en membre du SPECTRE dans Bons Baisers de Russie. Mais surtout, le film marque aussi le départ de John Barry en compositeur de la bande originale (il est d'ailleurs le chef d'orchestre dans la scène de concert à la fin du film). Il tire sa révérence avec une bonne partition, notamment "Mujahadin & Opium" lors de la belle chevauchée en Afghanistan. Quant au thème principal, écrit en collaboration avec A~ha, il fonctionne presque aussi bien que celui qu'il avait co-écrit avec Duran Duran pour le film précédent. Le départ de Barry marque la fin d'une époque car ses successeurs ne seront jamais à sa hauteur. Désormais, plus aucune B.O. de "James Bond" ne vaudra la peine d'être achetée en album.
Tuer n'est pas jouer compte indéniablement parmi les meilleurs"James Bond". Conçu comme un film d'espionnage classique autant que comme un film de la série, il est plus crédible que la plupart grâce à l'interprétation de Dalton qui redynamise le personnage. Mais malheureusement, malgré un franc succès à l'époque, le temps l'a fait oublier, et comme le film suivant n'a pas été apprécié, les critiques adressées à ce dernier ont fini par rejaillir aussi sur lui. Timothy Dalton n'ayant fait que deux "Bond", il n'a pas eu le temps de se faire connaître et estimer à sa juste valeur. Il gagne pourtant grandement à être connu.
* : Authentique
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Créée
le 1 déc. 2024
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