Tunnel
6.8
Tunnel

Film de Kim Sung-Hoon (2016)

La comédie d'action sauce coréenne

"Tunnel" de KIM Seong-Hun est le gros carton de cet été au pays, dépassant de loin les recettes d'un autre gros succès au pays du matin calme "Dernier Train pour Busan". Et on le comprend aisément à la fin de ces 126 minutes plus que réjouissantes. Annoncé comme un gros blockbuster catastrophe, il assume totalement son partis pris divertissant mais sait habillement le déstructurer en y ajoutant du mélodrame et de la satire. Si bien que les scènes de destruction et le rythme effréné ne prennent jamais le pas sur l'intention du cinéaste.


Car plus qu'un bon gros film d'action l'ensemble se veut un regard très ironique sur les institutions médiatiques et politiques de l'archipel. Une constante dans l'industrie locale qui ne cesse d'interpeller les pouvoirs publics sur leur incapacité chronique à gérer convenablement les situations d'urgence. Ici le fameux tunnel du titre qui s'effondre subitement sur la voiture flambante neuve du pauvre père de famille. Huit clos claustrophobique qui suit pas à son enfermement et les tergiversations des secours pour l'en sortir, il ne refuse jamais les conventions du genre avec forces effets spéciaux grandioses. Et n'hésite pas à en rajouter dans le sentimentalisme pour nous instaurer dans une forme d'empathie directe. Cela donnera donc une rencontre impromptue avec une jeune fille qui connaîtra un sort bien malheureux, un femme éplorée attendant avec inquiétude le retour de son gentil mari et quelques sanglots enjoués.


Au lieu de s'en tenir à cette formule ultra codifiée, il y rajoute par ci par la des touches de burlesque bienvenue: un sympathique cabot bien encombrant, des échanges surréalistes et absurdes avec les secouristes extérieurs ou encore des trucs et astuces dignes d'un guide survivaliste pour les nuls. Rajoutons y donc des journalistes plus avide de sensationnalisme que de professionnalisme, un appareil médical incompétent et une Première Ministre corrompue aux lobbys autoroutiers plus prompte à poser pour la photo qu'à trouver une solution: L'Etat est rhabillé pour l'hiver. Mais le meilleur reste à venir: la conclusion conventionnelle de l'homme providentiel semble dans un premier temps des plus classique. Il suffit alors d'une phrase absurde pour la dénaturer, et plus encore d'une toute dernière séquence entre soudaine mélomanie et angoisse existentielle pour casser avec une morgue incroyable le sérieux de l'entreprise. Du grand art!

Créée

le 26 oct. 2016

Critique lue 1.2K fois

16 j'aime

Critique lue 1.2K fois

16

D'autres avis sur Tunnel

Tunnel
Outbuster
7

De la lumière au bout de ce tunnel

Le pitch est simpliste, le scénar balisé comme une carte IGN, les personnages formatés à la truelle...Mais que c'est bon ! Enfin un film catastrophe qui évite l'écueil du catastrophisme, enfin un...

le 26 oct. 2016

24 j'aime

Tunnel
Westmat
7

Poussières de solitude

Le cinéma coréen ne finit pas de nous étonner. Il revient à la source de nombreux genres (thriller, catastrophe, action, etc.) pour humaniser de nouveau des scripts qui se perdent dans des intrigues...

le 15 mai 2017

22 j'aime

2

Tunnel
Dagrey_Le-feu-follet
8

Il faut sauver le carlin!

Un employé de chez Kia Motors rentre chez lui et emprunte un tunnel qui s'effondre et l'ensevelit. Il parvient à alerter les secours qui s'organisent. "Tunnel" est un film coréen de Kim Seong-hun,...

le 2 mai 2017

17 j'aime

7

Du même critique

Benedetta
Sabri_Collignon
4

Saint Paul miséricordieux

Verhoeven se voudrait insolent et grivois, il n'est au mieux que pathétique et périmé. Son mysticisme atteint des sommets de kitch dans une parabole pécheresse qui manque clairement de chaire (un...

le 13 juil. 2021

36 j'aime

Pas son genre
Sabri_Collignon
7

La Tristesse vient de la Solitude du Coeur!

Lucas Belvaux,réalisateur belge chevronné et engagé,est connu pour sa dénonciation farouche des inégalités sociales et sa propension à contester l'ordre établi.Ses chroniques dépeignent souvent des...

le 4 mai 2014

31 j'aime

14

Les Délices de Tokyo
Sabri_Collignon
8

Le Triomphe de la Modestie

Naomie Kawase est cette cinéaste japonaise déroutante qui déjoue volontairement depuis ses débuts la grammaire conventionnelle du 7ème art. Elle possède cet incroyable don d'injecter une matière...

le 11 août 2015

29 j'aime

5