Ce film d'action et de catastrophe s'adresse aux spectateurs repus de Dernier train pour Busan ou Pandémie. Dirigé par le réalisateur de Hard Day, bel ouvrage sans âme (et un des 'hypés' surcotés de 2015), Tunnel comme lui ne brille pas par l'originalité ou la pertinence, quoiqu'il soit largement plus réaliste quant aux conditions de 'l'action'. La catastrophe (effondrement d'un tunnel) implique un seul noyé et survivant (à peu près), poussé à se battre pour la survie avec un minimum de ressources, mais quelques informations, du moins pour un temps 'donné' (indiqué par la batterie de son portable, seul lien avec l'extérieur ; ou le temps que cet extérieur, justement, l'ait encore à l'esprit).
Le principe rappelle Buried avec son enterré vivant, mais Tunnel refuse le huis-clos. Il maintient une tension élevée grâce à ses va-et-vient entre la situation des contacts ou des observateurs et celle de Jung-soo (Ha Hung-Woo). La course contre la montre vire à la course contre l'absurde, la malchance, le surcroît de désespoir ou d'imbécilité. Conforme à l'exploitation du genre en Corée depuis une grosse décennie, Tunnel accuse les autorités, les institutions, les 'pourris' plus soft également. Les médias cyniques et parasites, les gestionnaires agacés, en prennent pour leur grade ; les ouvriers sont découragés et blasés mais plus défendables. Ce fond politique est rapide et peu sinon pas polémique, loin des développements de Pandémie (gâtés par la contre-offensive mielleuse du chef de l’État).
La négligence et l'incompétence dominent, les récupérateurs font leur office, la corruption semble probable mais pas d'étalage là-dessus. Le point sur lequel Tunnel cogne le plus fort (sans innover) et/car avec clarté, c'est lorsque l'opinion publique est convoquée (la majorité pour l'arrêt du sauvetage) pour justifier une préférence venant des décideurs. Dans ces cas-là la démocratie n'est pas embrouillée par les pudeurs, pesanteurs technocratiques ou dangers populistes. Au-delà de ces considérations, reste un film efficace, à jour et avec un soupçon de comique (l'armada futile de drones, l'acolyte de Dae-kyoung), remplissant son contrat. Il ne se laisse jamais alourdir, y compris sur le plan émotionnel. Pas de sauvagerie ou d'horreur(s) au programme, l'humanité résistera, même celle de l'otage ; pourvu qu'on soit un peu optimiste et tout paraîtra non plus seulement crédible, mais normal.
https://zogarok.wordpress.com/2017/05/28/tunnel-2017/