Ma vidéo critique sur Tunnel to Summer
Sorti en 2022 au Japon et en 2024 chez nous, ça a pris beaucoup de temps oui, Tunnel of Summer est le nouveau film d’animation japonaise disponible dans la plupart des cinémas de France. Le réalisateur, Tomohisa Taguchi, s’est surtout fait connaître à travers des films Digimon et Persona mais également par la dernière saison de Bleach sur plusieurs rôles qu’il devait mener. Cette fois, il nous signe un nouveau long-métrage qui se veut assez original dans le sens où il ne s’inscrit pas dans un univers déjà construit. Et, autant se le dire, c’est très sympathique dans ce qu’il propose. Sans être un des long-métrages d’animation japonaise les plus cultes ou les plus touchants, nous sommes tout de même face à une œuvre dont le visionnage était assez agréable.
Positif
- Kaoru (Ouji Suzuka) est un jeune adolescent qui s’isole souvent avec sa musique depuis la perte de sa sœur et les problèmes d’alcool de son père. Il a tout de même des amis avec qui il traîne mais on sent qu’il se sent mieux en solitaire et on peut comprendre pourquoi. C’est un protagoniste qui passe d’intrigant à attachant quand on apprend à connaître son passé, on a envie de le voir réussir à retrouver sa sœur grâce au tunnel mais est-ce ce dont il a réellement besoin ?
- Anzu (Marie Iitoyo) est une nouvelle élève avec un fort caractère qui préfère s’isoler des autres avec ses lectures de vieux mangas. C’est un petit peu le même principe que Kaoru, elle refoule ses émotions en public en étant intrigante pour nous et elle va finir par devenir attachante au fur et à mesure que les choses avancent.
- Le père de Kaoru (Rikiya Koyama) est un homme triste qui se console dans l’alcool et qui juge son fils comme responsable de son malheur (départ de sa femme et perte de sa fille). Il n’est pas un homme qui semble beaucoup se soucier de son fils malgré qu’il semble tenir à lui, un peu. En tout cas, c’est une bonne raison du pourquoi Kaoru se sent si mal en général.
- Karen (Seiran Kobayashi) est la petite sœur de Kaoru, elle est morte très jeune dans un accident sans que Kaoru puisse l’aider. Pour le peu qu’on la voit, on comprend pourquoi Kaoru cherche autant à la retrouver, comme si elle était sa seule raison de sourire et de se sentir bien (enfin, avec une autre personne plus tard).
- La relation entre Kaoru et Anzu se développe bien au fur et à mesure des choses. Ils se rencontrent, ils se rapprochent petit à petit quand ils se trouvent un objectif en commun, traverser le tunnel, et ça va aller de plus en plus loin. C’est intéressant de voir qu’ils étaient déjà assez similaires dans le fait qu’ils s’isolaient tous les deux (musique pour l’un, lecture pour l’autre) mais plus leur relation avance et plus on a envie de les voir franchir le pas.
- Les évolutions de nos deux personnages sont intéressants au fur et à mesure qu’ils s’attachent l’un à l’autre. Entre Anzu qui devient plus souriante et heureuse avec lui et Kaoru qui trouve quelqu’un qui semble enfin tenir à lui (contrairement à son père), il faut avouer que les évolutions de nos deux personnages sont intéressantes à suivre.
- Le long-métrage démarre par la présentation du tunnel et de ce qu’on raconte sur lui si on le traverse ainsi qu’une assez belle chanson en suivant Kaoru jusqu’à sa rencontre avec Anzu. Cette introduction fonctionne assez bien pour nous intriguer sur ce tunnel et nous donner envie d’en savoir plus sur ce que va donner cette rencontre.
- On peut trouver plusieurs messages en visionnant ce film. Ne pas douter de ses capacités, oser et aller jusqu’au bout des choses, dépasser ses limites, voir le plus essentiel avant qu’il ne soit trop tard, aller de l’avant et ne pas rester coincé dans le passé… Tous les messages qu’on y retient ici sont des bons messages à retenir.
- Un point léger mais important est que le spectateur ou la spectatrice pourra s’identifier aux personnages principaux. Si, comme Anzu et Kaoru, vous êtes du genre à vous isoler à travers vos écouteurs, la lecture ou ce que vous voulez, vous arriverez à vous identifier à eux et à les comprendre un peu mieux.
- Le symbolisme est assez intéressant sur pas mal d’aspects, comme Karen et la musique pour Kaoru, le dessin, les livres et son grand-père pour Anzu… Il y a réellement des éléments de symbolisme très réussis, notamment avec le tunnel qu’on pourrait prendre comme un cycle accéléré de la vie.
- Question musiques, ça s’en sort bien. La majorité des musiques sont sympathiques à écouter tout en collant à ce qui se passe à l’image. Mention spéciale pour l’opening qui est magnifiquement interprété avec de superbes paroles.
- Mine de rien, avec l’animation, on sent que certaines séquences ont été un peu plus soignées que d’autres. Mais, dans tous les cas ça reste une belle animation à voir au cinéma pour ce que ça propose, même si on a déjà vu mieux.
- La mise en scène est bien gérée. On a des choix de plans intéressants de par la mise en scène et ce que ça veut raconter. Sans être une brillante mise en scène, ça arrive à faire de la bonne mise en scène qui fait plaisir.
- La fin est mignonne et fait plaisir à voir. Après tout ce qui s’est passé, on peut dire que c’est une fin efficace qui va avec les évolutions de nos personnages principaux, c’est réellement une fin qui fait plaisir à voir.
- Question émotion, même si ça ne donne pas envie de pleurer, il faut reconnaître que ça ne laisse pas indifférent. Certaines scènes arrivent réellement à faire un petit quelque chose et c’est une bonne chose.
- Vu en VOST et le doublage est plutôt correct. Si on excepte un ou deux moments de rire qui font un petit peu faux, le reste du doublage est très qualitatif dans son ensemble et ça fait plaisir à entendre.
- Les tenues sont plutôt légères dans l’ensemble mais il faut reconnaître qu’ils sont sympathiques. Leurs uniformes scolaires et leurs tenues civiles sont assez bien fait, même si ce n’est pas très important.
- Les décors sont assez jolis, assez proches de tableaux mais en un peu moins envoûtants que dans un Makoto Shinkai. En tout cas, il faut reconnaître que les décors sont qualitatifs ici.
- Malgré que le scénario soit un peu prévisible, on arrive à être un petit peu surpris par certaines choses, notamment par rapport à ce qu’ils trouvent dans le tunnel.
Négatif
- Est-ce qu’on voit venir le coup des deux personnes qui ne se connaissent pas mais vont s’attacher l’un à l’autre et finir ensemble à la fin ? Évidemment. Ce n’est pas contre les scénaristes mais ce cliché se sent depuis beaucoup trop d’années maintenant donc c’est difficile de se faire surprendre de ce coté là.
- Avez-vous déjà entendu l’expression « baleine sous roche » ? Si non, c’est normal, c’est parce que ça n’existe pas cette expression. La traduction VOSTFR s’est un petit peu emmêlée les pinceaux car il s’agit d’une anguille sous roche normalement, c’est ça la bonne expression (même si c’est un détail).
- Le scénario est un petit peu classique et déjà-vu. Le coup de deux personnes isolées qui se rapprochent, vont trouver un objectif en commun à accomplir… Ça reste assez bien écrit dans le développement mais ça n’empêche pas que le scénario est un peu prévisible.
- La 3D du film n’est pas désagréable mais, par rapport à d’autres sortis avant lui, on sen que certains petits moments de 3D perturbent un petit peu. Rien de grave en soi mais la 3D est réellement assez discutable sur quelques petites séquences.
- Une question qui perturbe un petit peu mais pourquoi ce long-métrage se passe pendant les années 2000 ? Sérieusement, c’est juste pour servir d’excuse au pourquoi ils ont des vieux téléphones à clapet et qui se déplient ? Ce n’est pas suffisant.
- La tension ne fonctionne jamais. On a pas de situation qui nous fait réellement ressentir de la tension pour nos personnages. C’est un détail, certes, mais c’est tout de même regrettable.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Le tunnel d’Urashima est un tunnel qui fait passer le temps beaucoup plus vite quand on y entre et, apparemment, si on arrive à aller jusqu’au bout du tunnel, on a l’occasion de voir son vœu se réaliser. Sachant que Kaoru cherche à retrouver Karen et qu’Anzu veut retrouver son grand-père et du talent pour le dessin (chose qu’elle a déjà mais elle doute d’elle), ils ont tous les deux un objectif pour traverser ce tunnel. Entre temps, ils développent une relation amoureuse et c’est pour ça que Kaoru va partir seul dans le tunnel, il ne veut pas qu’Anzu perde des années de sa vie alors qu’elle a déjà tout le talent pour être mangaka. Là où lui, il n’a que sa sœur.
Avant la fin, pourquoi Anzu n’est pas allée le chercher dans le tunnel au lieu de l’attendre dans le monde réel ? Elle a du talent mais comme ils n’ont pas de famille qui tiennent à eux, elle aurait pu rentrer dans le tunnel et le rattraper (si c’était possible, on l’ignore). Après, le coup d’Anzu qui a vieilli et vient le chercher pour retrouver son amour perdu, c’est aussi beau. Bon oui, il y a une différence d’âge entre eux maintenant mais Anzu l’a attendu malgré tout et Kaoru devait retrouver Anzu car c’est elle qu’il a failli perdre avec son entêtement.
Au final, Tunnel of Summer est un nouveau film d’animation sympathique à découvrir dans vos cinémas si vous en avez l’occasion. Tous les films de ce genre ne sont pas au niveau d’un Ghibli ou d’un Makoto Shinkai mais, pour ce que ça propose, ça aura tout de même de quoi plaire. On a une belle animation, des décors assez soignés, des personnages intéressants avec une relation bien développée, des OST de bonne facture et de beaux messages à retenir avec du symbolisme efficace. Après, il est vrai que le scénario est un petit peu prévisible, que la tension est inexistante et que la temporalité du film est bizarrement choisie. Mais bon, c’est tout de même un film sympathique pour ce que ça propose.