Oh bon génie du grand tunnel d’Urashima, je t'en prie exauce mes vœux les plus chers.
Saisissant le besoin contemporain de s'évader vers des contrées imaginaires ou l'âme peut se perdre un temps dans un univers ou règne la magie, l'illusoire, Mei Hachimoku donnait naissance en 2020 au manga "Tunnel to Summer", révélant la découverte par Kaoru Tôno, lycéen timide du passage D'urisima, tunnel mystérieux réputé pour réaliser les souhaits des audacieux qui auraient l'impudence de s'y aventurer. Selon la légende le tunnel est un lieu fantastique hors du temps , et l'impétueux qui le parcourra, vieillira bien plus rapidement à l'intérieur que dans le monde réel.
Un soir, Kaoru, en mal de repères depuis qu'i, vit seul avec un père devenu alcoolique suite à la disparition de sa petite soeur Karen, s'enfuit, entre dans le tunnel pour un court instant et en ressort cinq jours plus tard dans son monde. Il entreprend alors, avec Anzu Hanashiro, nouvelle venue dans le village et le lycée, de décrypter et de mesurer la mécanique du temps qui régit le tunnel. Les deux adolescents se ressemblent un peu, cheminant dans une réalité désincarnée (Anzu a perdu ses parents), chacun rêve de l'impossible.
Lui, donnerait tout pour retrouver Karen, elle pour que le tunnel lui offre le don d'écriture pour devenir mangaka comme son grand-père.
Evidemment, le chemin de l'adolescence difficile avec pour exutoire, la possibilité de se réfugier dans un monde imaginaire, a déjà été arpenté mille fois, le rapport au temps , visité avec bonheur par Makoto Shinkai fait également figure de thématique récurrente de l'animé japonais. Tunnel to summer n'est pas d'une grande originalité, et même si l'animation nous gratifie de quelques plans à l'esthétique saisissante, les allers-retours incessants entre le tunnel et de intérieurs redondants (salle de classe ,chambres des lycéens) sont quelque peu répétitifs.
Mais, l'émotion vient parfois et même à de nombreuses reprises, illuminer un récit familier, lorsqu'est évoquée la magnifique relation fraternelle entre Kaoru et sa petite soeur, rappelant le déchirant "Tombeau des Lucioles", la dernière partie de "Tunnel to summer" livre alors une belle partition abordant avec force et acuité, les thématiques
du deuil, de la nécessité de se défaire du lourd poids des souvenirs pour aller de l'avant sans trahir la mémoire des disparus avec en toile de fond une lancinante question : sommes- nous prêts à sacrifier quelques années de notre vie pour, partager de nouveau quelques instants avec un être cher