Un argument fantastique en forme de tunnel dilatant le temps, la possibilité d'exaucer son souhait le plus cher, de la romance adolescente, et voilà que l'on fera inévitablement référence à la coqueluche Makoto Shintai de Your Name pour vous causer aujourd'hui de ce Tunnel to Summer.
Sauf que le film n'utilise pas les mêmes artifices que le méga succès de 2016. En effet, exit le lyrisme et la flamboyance, l'avalanche de couleurs chaudes et les jeux de lumières somptueux.
C'est comme si Tunnel to Summer jouait volontairement profil bas, persuadé que la comparaison tournerait à son désavantage.
Sauf que ce serait injuste.
Car le film réussit à enchanter le coeur, comme l'ont fait ses ainés orchestrés par le nouveau phénomène de l'amour à la japonaise. En choisissant de suivre sa propre voix. Car si l'argument science-fictionnel est prégnant, il donne l'impression de s'effacer peu à peu, en témoigne l'absence d'explication quant à son existence, pour mieux dessiner ses personnages. Un duo charmant et attachant, autour duquel très peu d'autres figures importantes gravitent. En effet, il ne reste plus, finalement, que le père du garçon, qui picole et le rabaisse, lui rappelant sa culpabilité.
Le reste de l'environnement est marqué parle hors-champs et, consécutivement, par l'absence : une petite soeur, une mère qui a claqué la porte, des parents, un grand-père, nourrissant les traumas et les regrets, comme si ces deux adolescents étaient incapables de vivre leur présent.
Pour mieux essayer de toucher du doigt des souhaits fous.
Et toucher du doigt une certaine forme de repli sur soi, l'intériorité des deux ados détachés du monde pour renouer avec un passé idéalisé. Pour en finir avec la peur de ne pas laisser de trace de son passage sur terre.
Simple et pur, allant droit au but en se concentrant seulement sur ce qui anime ses deux tourtereaux, Tunnel to Summer, malgré les noirceurs qui le traversent et le désenchantement qu'il dépeint, s'illumine par la relation naissante de deux solitudes, de deux étranges rapports au temps qui finissent par se confondre. Car loin de détruire inexorablement tout ce qu'il touche, il peut aussi donner naissance à de très belles love story.
Et là où on vous parlera surement d'idylle dérisoire conjuguée à l'imparfait, le coeur caramel de Behind, lui, a encore une fois fondu devant la douceur de la romance élégante, l'univers envoûtant et la poésie de l'ensemble, isolant à plusieurs reprises ses personnages dans ce qui ressemble à une interprétation du mythe d'Orphée, ou à une forme toute asiatique des limbes aussi rassurantes que perturbantes.
Mais bon Dieu, qu'il est faible ce masqué !
Behind_the_Mask, le temps qui court.