Tuvalu n'est pas un film comme les autres.
Nous sommes en dehors de tout espace temporel.
Oui, je sais que ça ne se dit pas "espace temporel" mais c'est un raccourcis langagier et rhétorique pour signifier par une pirouette stylistique que nous sommes en dehors de tout repère géographique et historique.
Quand ? Où ? Là n'est pas l'important.
Ce film allemand, qui surfe sur de multiples références (le muet 20's, l'univers de Caro/Jeunet) nous propose de pénétrer dans un univers qui fait du désenchantement une poésie magnifique.
Nous sommes dans un conte sombre. Sombre d'un point de vue humain et thématique mais qui réserve des moments de burlesque d'une drôlerie bienvenue. La scène au cours de laquelle Denis Lavant (Anton) ajuste la bouée de sécurité du vieil aveugle propriétaire et maître nageur des lieux m'a fait pouffer. Une première parmi d'autres.
Les décors sont extrêmement travaillés et participent à l'atmosphère onirique qui se dégage de l'oeuvre.
Denis Lavant est pour beaucoup dans ma volonté de découvrir ce long métrage de Veit Helmer et il ne m'a pas déçue, plus étonnant que jamais, dans ce rôle d'employé d'une piscine publique délabrée.
La beauté de certaines scènes (la nage avec le poisson rouge) font écho à la laideur extérieure.
D'ailleurs la porte est bien montrée comme une frontière...
Même la lumière (le soleil crée par Denis L pour imiter une plage ensoleillée alors qu'il tempête à l'extérieur :love: ) a un rôle primordial de tous les plans.
Pourquoi donner le nom d'un archipel polynésien à un film qui a pour décor une ville complètement décrépie ?
Anton, en marin de bande dessinéen personnage étrange et fantaisiste, découvre que sa belle va y partir en voyage.
Destination fantasmée, elle va montrer que le rêve peut devenir réalité et que l'on peut faire de sa réalité un rêve.