Il faut toujours essayer, dans la mesure du possible, d'aller voir les films de la série Twilight dans les premiers jours de leur sortie, pour pouvoir effectuer une analyse ethnologique poussée sur l'espèce humaine. Oui, car il n'y a pas que des filles pré-pubères comme le répètent à l'envie les médias, toutes les générations sont représentées devant ce spectacle censé être la représentation parfaite du fantasme féminin par excellence : l'amour éternel. Mères avec leurs filles, grands-mères à béquilles, lycéennes gloussantes, handicapés en fauteuil roulant, financiers en cravate sortant du boulot, jeunes cadres dynamiques à grosses lunettes à écailles, c'est une vraie cour des miracles.

Tout comme les séances de cinémas pornos, les gens ont honte d'aller assouvir leur fantasme et tentent de dissimuler exactement quel film ils vont voir, essayant de se cacher comme ils peuvent au sein de la cohue hétéroclite. Surtout que là, c'est le quatrième volet, le marketing ayant fait son office, on ne peut plus prétexter être tombé dessus par hasard, se méprenant pour un film de super-héros avec des robots. D'autant plus que pour la première fois, la bande annonce vantait enfin ce dont la critique regrettait l'absence depuis le début aux livres comme aux films : du SEXE, ENFIN. Dès l'entrée de la salle, on sent que ça va être hot : des hôtesses d'accueil distribuent mêmes des prospectus sur les méthodes de contraception. Ah bon ? C'est comme ça que se font les bébés ? Première nouvelle. Et les cigognes dans tout ça ? En même temps, on peut pas dire que le film ne fait pas de prévention, vu le nom du réalisateur, à deux lettres près, il pouvait être ambassadeur Durex.

Ensuite le film commence, et comme à chaque fois, le fan hardcore de la saga est plutôt content, parce que cela retranscrit presque mot à mot les dialogues du bouquin, et affligé, parce que quand même, ça va pas mieux du tout en le disant, car on atteint des sommets de niaiserie, et c'est encore plus drôle. Mais pour moi, Twilight a toujours été l'équivalent d'un film de super-héros, mais pour un public féminin. Il y a des super pouvoirs à gogo, des situations improbables, des jeunes filles énamourées, des effets spéciaux dégueulasses, des gros monstres, mais sauf que là, au lieu de sauver le monde/l'Amérique/New York/Gotham City avec un justaucorps moulant et flashy, il s'agit de sauver son couple de la pression paternelle/lycéenne/indienne des bikers-culturistes qui habitent le bois d'à côté. C'est tout aussi louable.

Je m'attendais à pire, surtout en sachant qu'ils avaient coupé les livres en deux pour faire encore plus d'argent. Et la première partie est encore plus vide que les autres. Comme prévu, les vampires changent de couleur et de coupe de cheveux, c'est à cela qu'on reconnaît la petite touche personnelle des réalisateurs, comme prévu, le loup-garou tombe la chemise (au bout d'une minute, un record), comme prévu, ils jouent mal, comme prévu, les indiens-loups-culturistes hurlent à la lune quand ils sont tristes, mais le film passe beaucoup mieux que les deux précédents. C'était difficile de faire pire aussi, je l'admets. Il y a enfin du sang par litres, des morsures, du "sex by surprise", comme dirait Julian Assange, soit le minimum syndical pour un film de vampires.
Lors de ma séance, le public était tellement heureux (et sans doute soulagé que ces deux longues heures soient enfin finies) qu'il a applaudi avec enthousiasme dans un grand élan inter-générationnel. C'était émouvant. On sentait qu'il y avait une vraie attente pour le dernier film et pour la résolution de la plus grande intrigue de la saga qui peut s'énoncer comme suit : Bella va-t-elle oui ou non arriver enfin à marcher avec des talons hauts ?

Pourquoi ai-je mis une telle note à ce film finalement ?

Pour la dernière phrase, la plus importante, au milieu du générique, prononcée par le chef des méchants-vampires-italiens-aux-cheveux-longs-et-gras après qu'il eut ordonné de saigner la secrétaire qui avait fait une faute en écrivant un nom sur une enveloppe :

"Cela commence par l'orthographe, cela finit par la grammaire"

Rien que pour cette phrase, il faut défendre ce film.




Socinien

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