Les années 80 sont une période d'inquiétant déclin commercial pour la Shaw Brothers. Face à la concurrence de studios plus jeunes et dynamique comme la Golden Harvest ou Cinema City Co., la vénérable compagnie peine à prendre son second souffle. Sa politique de production va alors s'orienter sur deux axes :
- Continuer le type de films qui ont fait sa gloire durant les années 70 (films de Kung Fu, Wu Xia et autres spectacles en costumes) en les modernisant un peu.
- Intégrer les nouveaux courants agitant le cinéma Hong Kongais en recrutant des réalisateurs/acteurs issus de la nouvelle vague.
Twinkle Twinkle Little Star fait partie de cette seconde catégorie. Réalisé par Alex Cheung, auparavant réalisateur d'un Cops And Robbers plutôt bien apprécié, le film dispose d'un impressionnant budget de 20 millions de $ HK, rien de moins que le plus gros budget alloué à un film cette année là. Un véritable coup de poker (on pense au cas Storm Riders comme situation comparable) qui échouera tristement, le film n'obtenant que 6 millions de recettes en fin d'exploitation. Cet échec pèsera probablement dans la balance quand en 1985 Sir Run Run Shaw décidera d'abandonner le versant cinéma du studio pour se concentrer sur ses activités télévisuelles.

Fondamentalement opportuniste, Twinkle Twinkle Little Star ressemble à une tentative désespérée d'obtenir un succès public en mangeant à tous les râteliers ! C'est bien simple, tout les films populaires de l'époque se retrouvent dans le long métrage d'Alex Cheung : Star Wars bien sur, la référence affichée du film, mais aussi Rencontre du 3e Type, Superman, Alien ou des références plus locales comme la série des Aces Go Places.
Cette accumulation de clins d'œil (plus ou moins appuyés) aurait pu être réjouissante si Cheung était parvenu à les assembler en un tout cohérent, c'est-à-dire soutenu par un fil conducteur fort. Malheureusement son scénario est un véritable gruyère et s'apparente plus à une émission de TV (une accumulation de scénettes comiques sans grand rapport entre elles) qu'à un long métrage. Cela aurait encore pu passer si ces moments étaient vraiment drôles et les acteurs charismatiques (les premiers Michael Hui avaient une structure semblable mais s'en sortaient grâce à ça), hélas on en est bien loin... James Yi a bien quelques moments inspirés mais il est la plupart du temps transparent, David Lo souffre du même problème quand à Cherie Chung, elle aurait pu inverser la tendance si son rôle n'était pas aussi limité. La pauvre se voit réduite à un rôle de gentille cruche et doit jouer sur son image sexy pour compenser, ce n'est pas désagréable d'ailleurs, mais elle aurait pu faire bien plus si on lui avait laissé davantage de champ.

Fort heureusement, les quelques moments amusants qui parsèment le film en rendent la vision supportable sur le long terme (saluons une parodie des discours de Chine Continentale par David Lo et Cheng Miu très réussie), à défaut d'être vraiment passionné par le spectacle qui nous est proposé. Le plus frustrant tient à ce que le film décolle enfin au bout d'un peu plus d'une heure de métrage. C'est en effet à partir de ce moment que Twinkle Twinkle Little Star décide enfin d'assumer sa filiation Star Warsienne en nous sortant décor futuriste, Darth Vader local et autres sabres lasers. Bien sur, l'orientation comique du film n'est pas abandonnée pour autant mais ici l'opulence des moyens (peu dévoilé auparavant) combiné à un James Yi déchaîné et une réalisation plus nerveuse (Ching Siu Tung en a une part de responsabilité) rendent l'ensemble de ces séquences particulièrement jouissives. Dommage que cela ne dure qu'une vingtaine de minutes...
C'est à se demander ce qu'aurait donné le film si l'approche « Star Wars à la Hong Kongaise » avait été retenue intégralement. Les limitations techniques de l'époque auraient probablement fait encore plus exploser le budget, rendant l'œuvre morte née d'un point de vue commercial, mais on aurait pu avoir droit à un sacré spectacle !

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le 26 févr. 2011

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Palplathune

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