Cette fois Guédiguian délaisse ses thèmes favoris, Marseille ou ses racines arméniennes, pour nous emmener dans le Mali de 1962, dans un pays récemment indépendant , et où le gouvernement de Modibo Keita tentait d instaurer une révolution socialiste. Malgré des défauts de conception (intrigue qui tarde un peu à s installer et à choisir entre différents thèmes -la politique ou le portrait d'une jeunesse découvrant une certaine liberté de vie, des scènes ou dialogues parfois un poil trop didactiques, un peu trop de pittoresque et une interprétation parfois inégale) le film finit par convaincre. Notamment quand il prend un tour résolument politique (la révolution qui peut tourner à la dictature, entre autres). Et l'intrigue amoureuse, et la description d'une jeunesse avide de distractions, finissent par bien s 'insérer et trouver leur place, jusqu'à une fin de l'histoire digne des meilleurs mélodrames. Le film comporte un épilogue situé 50 ans tard, dans un nord du Mali sous emprise des islamistes radicaux, avec une conclusion superbe. Et ouvertement militante.
La mise en scène s'inspire des images de Malick Sidibé, qui a photographié le Mali de cette époque, et notamment sa jeunesse (d'où les arrêts sur image en noir et blanc -on revoit ces photos dans la scène finale). J'y ai pensé pendant le film, et c'est indiqué sur le générique de fin (après le nom des scénaristes et producteurs) : " en hommage à Malick Sidibé".
NB Dans la scène où le père de Samba (le héros du film) décroche les affiches (qui mêlent artistes de variété et personnages politiques) des murs de la chambre de ses fils, on aperçoit, parmi ces affiches, une reproduction de l'affiche rouge (celle des autorités d' occupation sur le groupe Manouchian, le film homonyme n'existait pas encore)