Soyons honnêtes : si le film n'était pas signé Francis Ford Coppola, personne n'en parlerait. Toutefois, cette célèbre signature a un double intérêt pour le film. D'une part parce qu'elle est symptomatique du cinéma hollywoodien d'aujourd'hui, où les films ont du mal à être produits s'ils ne possèdent pas une pléiade de vedettes ou une histoire bankable : un type comme Coppola, monstre sacré s'il ne devait y en avoir qu'un, obliger de s'autofinancer pour garder un semblant de liberté. C'est aussi le premier à prouver qu'on peut réellement, avec peu d'argent (façon de parler) et les technologies actuelles, faire du cinéma. D'autre part, et c'est le plus intéressant concernant Twixt, le film est un tournant ultime chez Coppola non pas parce qu'il est 100% indépendant des studios, mais parce qu'il y règle ses comptes avec ses vieux démons. Ceux avec Corman, qui l'a lancé, à travers son esthétique, cette fascination pour Poe, mais surtout ce drame personnel de Coppola, la mort de son fils tué en hors bord, décapité. Pour le traitement et la finesse de cette catharsis, je tire mon chapeau, et quand bien même Twixt n'est pas totalement réussi, il atteint un niveau de confidence personnelle chez Coppola qui m'émeut. Bien sûr, ceux qui ne connaissent pas cette petite histoire trouveront le film un peu ringard et déjà vu, à l'image de cet auteur en mal d'inspiration (magnifique Val Kilmer), mais Twixt reste malgré tout une tentative de cinéma réellement indépendant comme on en voit que trop peu aujourd'hui - qui plus est de la part d'un cinéaste de la trempe de Coppola.