Tous ceux qui regrettent la mort prématurée de certains de leurs artistes préférés ont sans doute bien tort.
En effet, pour un Hendrix, une Mozart ou un Tony Scott (naaan, je déconne, je vous laisse remplir par vous même votre liste, puisant pour cela dans votre panthéon personnel ou dans le fameux club des 27 si on reste dans le domaine musical), combien de McCartney, De Niro ou Scorsese ?
On peut se dire qu'une majorité d'artistes donnent l'essentiel de leur génie créatif dans leurs vertes années avant que ce talent ne se tarisse et décline inexorablement.
Ce groupe se sépare alors lui-même en deux. Il y a ceux qui ont compris (les plus rares) et qui coupent court (fin de l'activité, suicide réel ou artistique) et ceux qui ne savent rien faire d'autre, que de recopier inlassablement leur oeuvres fondatrices ou au contraire (et c'est bien le cas de Francis) qui ne cessent de s'en éloigner vers des horizons toujours plus incertains.
Fort de cette pénétrante pensée, il y deux façons d'aborder les œuvres des ex-maitres. Soit tout rejeter en bloc et honnir le manque d'inspiration gériatrique de l'ex-surdoué, soit scruter (et c'est plutôt ma démarche) chaque nouvelle tentative d'un œil inquiet mais empli d'espoir, sûr de trouver au moins quelques secondes de pur plaisir ici ou là, au détour d'un film ou d'un disque, vestige miraculeux d'un passé doré.
Pour Twixt, faut s'accrocher les enfants !
S'il s'était agi de l’œuvre d'un jeune premier fougueux, on aurait pu se sentir empli d'une magnanimité toute naturelle. Toutes ces maladresses, ces facilités scénaristiques, ces paresses artistiques (confinant au bâclage), cette esthétique douteuse, auraient pu trouver matière à explication, compensation. Mais on parle quand même du gars qui a déposé aux pieds d'une humanité éberluée et reconnaissante des Parrains, des Apocalypse Now ou des Conversation Secrète, tout de même !
Twixt: de joie, coupe, fin !
Certain ont parlé pour ce Twixt d'une liberté retrouvée par Coppola. Je ne sais qu'en penser. On dirait que le bonhomme se fout des enjeux artistiques de ses films. Des sortes de brouillons, d'essais, dont on ne peut se résoudre à croire qu'il puisse se sentir lui-même convaincu par le résultat. Boursouflé (L'homme sans âge), sur-écrit et prétentieux (Tetro) ou terriblement maladroit (Twixt), c'est à chaque fois un nouveau désenchantement.
Exorcisme d'une blessure intime ou pas, ce dernier effort, à l'image d'un titre inepte et sans rapport avec quoi que ce soit, est à ranger sur l'étagère des espoirs vains. Si la résurrection artistique est toujours à espérer (je reste un grand optimiste fou), le plus probable est de se dire que le Francis Ford Coppola que nous n'avons tant aimé n'est plus.
On aurait juste aimé un faire-part.