C'est l'histoire d'un livre qu'est l'histoire d'un film qu'est l'histoire...

Pour n'avoir vu de Coppola que Apocalypse Now – qui est à mon sens le film le plus surestimé de l'histoire du Cinéma – je suis allée voir Twixt sans m'attendre à un film qui me parlerait, mais avec l'idée que j'avais des chances d'assister à une œuvre ayant au moins des qualités de mise en scène.

Visuellement parlant, Twixt remplit son contrat. On pourra en critiquer son rendu des couleurs ou, de manière générale, l'omniprésence de ses traitements post-prod, mais j'ai surtout trouvé que la différence entre les scènes « réelles » et les scènes oniriques était intelligemment rendue. De plus, il faut savoir que Twixt a été pensé pour que certaines de ses scènes soient diffusées en 3D. Ce qui explique le rendu a priori foireux de certains effets spéciaux, comme cette chouette, qui aura beaucoup fait parler les festivaliers...

L'histoire m'a évoqué Fenêtre Secrète, dans son aspect « écrivain de seconde zone qui a du mal à trouver l'inspiration et qui ne sait pas très bien où se situe la réalité » tout autant que dans le choix de représenter un auteur de fantastique, lui-même décrit par le shérif comme « le Stephen King du pauvre ». Le film est, à n'en pas douter, un clin d'œil au maître du fantastique. Mais l'auteur auquel Twixt se réfère le plus est, au final et de son propre aveu, Coppola lui-même. Cette recherche de l'inspiration par Hall Baltimore peut être vue comme une gigantesque mise en abyme de la création, qui passe ici par la recherche onirique. Si chaque personnage paraît si romanesque, c'est parce que Twixt est finalement l'histoire d'une histoire, et que Coppola s'est amusé avec les codes de la littérature (de gare et de genre) tout autant que ceux du cinéma.

Val Kilmer y est d'ailleurs parfait en écrivain peu inspiré, qui écrit toujours la même histoire sous des titres différents, devant pondre un nouveau roman vite, s'il veut obtenir l'avance de son éditeur ; à ce titre, la scène de rédaction face à son incipit désespérément blanc est assez savoureuse. Notons que l'acteur ressemble de plus en plus à Gérard Depardieu, à un point que ça en devient troublant.

En résumé, Twixt est un film au propos relativement obscur si l'on y cherche une histoire simple qui fait sens, mais il comporte un grand nombre de couches de lecture qui lui apportent profondeur et intérêt, pour les maniaques qui aiment chercher la signification de chaque petit détail de mise en scène.
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le 5 févr. 2012

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