James Gray nous entraîne dans le monde de Leonard, bipolaire, trentenaire et vivant chez ses parents pour de multiples raisons. Pour résumer, le film s'apparente à Match Point de Woody Allen pour le thème principal c'est à dire celui d'une histoire d'amour triangulaire.
Sandra aime Leonard qui aime Michelle (qui aime son patron). Mais pour une analyse plus détaillée de l'intrigue, voici les faits : Leo avait une fiancée qui l'a quitté pour des raisons médicales, en effet, si les 2 se mariaient, ils ne pourraient pas avoir d'enfants. Leo est donc tombé dans un état dépressif quasi incurable au point d'en venir aux tentatives de suicide. La première scène du film montre notre protagoniste errant sur un pont, se jeter dans la mer. Il n'arrive pas à aller au bout de son acte et remonte à la surface. Il lui reste encore un peu de force pour survivre, il n'a pas envie de couler, on y croit.
Il rentre chez lui, sa mère se doute qu'il a encore essayé de se tuer, elle n'est pas moralisatrice, elle le soutient et le ramène à la réalité, quand à son père, il ne voit rien. Isabella Rossellini est parfaite en mère inquiète mais sans excès, tandis que Joaquin Phoenix joue "l'adolescent retardé" qui n'arrive pas à faire LE choix, celui de la sécurité avec Sandra, fille des amis de ses parents (ça sent le mariage arrangé à plein nez) et qui se cache de ceux qui l'aime pour poursuivre le rêve du bonheur éphémère avec Michelle. Cette dernière, interprété par Gwyneth Paltrow est une junkie excentrique qui sort avec son patron marié (bien évidement, sinon ça l'histoire n'aurait aucun intérêt). Michelle est la voisine de Leo, ils arrivent à se voir à travers leurs fenêtres, un peu de voyeurisme à la "Fenêtre Sur Cour" pour pimenter les 2 solitaires en mal d'amour. L'amour, voici le faux sujet du film, car même si le titre est évocateur, que les personnages n'arrêtent pas de dire qu'ils s'aiment et que les scènes d'amour nous donnent le sentiment d'amour dans ce film, je pense que Two Lovers est tout sauf de l'amour.
Il n'y a pas d'amour dans ce film, seulement des ersatz du sentiment amoureux. Les mots prononcés par Leo ne sont pas sincères que ce soit envers sa famille ou Sandra et Michelle. Ajoutant à cela sa bipolarité, qui l'empêche à mon avis d'y voir clair dans ses pensées. D'ailleurs, pendant tout le film, les mouvements de caméras sont rapides et les images floues ou filmés à travers un réflecteur (miroir, vitre...) dès que Leo a une décision à prendre. Cette bipolarité est aussi perceptible physiquement avec son penchant pour Michelle, la blonde à l'existence compliquée d'un côté et Sandra, la brune sage, presque trop sage et "protectrice" de l'autre.
Le réalisateur réussit à rendre ces personnages à la fois indépendants et pourtant esclaves de leurs sentiments en évitant tout stéréotypes. Les personnages évoluent et dévoluent, nous les accompagnons sans être uniquement des observateurs, nous participons à leurs détresses, leurs manques affectifs et leurs espoirs.
Simplement Brillant.
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