Ces questions de choix entre un mariage forcé et un amour venant du plus profond de soi-même, risquaient vraiment de donner naissance à un énième film niais. Mais on a le bon réalisateur.
Et force est de constater qu’à la manière de tout grand réalisateur, James Gray est à l’aise dans n’importe quel style. Si l’histoire aurait été d’une banalité affligeante dans d’autres mains et devant un autre objectif, il réussit à en tirer la fibre qui la rend passionnante et réussit à toucher en plein cœur. Sa vision de l’amour est originale, pour lui le bonheur ne passe pas sans épreuves difficiles, pour lui l’amour est cruel et n’est malheureusement pas souvent partagé.
Il en profite pour installer sa thématique récurrente de la famille, s’installant ici dans la communauté juive et ses mariages arrangés. Son héros est un rêveur, un de ces adultes enfants qui ne vivent que dans l’excès, excès de sentiments quand il s’agit d’amour. Un homme dont le désir de vivre avec sa maladie qui le rend différent est aussi puissant que celui de mourir, un homme qui aime sans limites et qui ne demande que de l’amour en retour.
Joaquin Phoenix incarne Léonard, cet écorché vif qui court après son idéal. Il livre sa meilleure (et à priori dernière…) prestation sur grand écran. Il est impressionnant de justesse et fait passer tout un panel d’émotions simplement par l’intensité de son regard, son personnage n’étant pas un grand parleur. Et quand il déclame des phrases aussi belles qu’un simple « je t’aime », on a l’impression de n’avoir jamais vu un acteur aussi sincère.
En bref, Two Lovers est sans doute un des plus beaux drames romantiques qu'il y ait été fait ces dernières années. Interprété par de grands acteurs, le film dispose d'une mise en scène et un cadrage tellement parfait qu'on n'y fait plus attention, et de dialogues réalistes et très juste. Une très belle réussite.
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