On pensait pouvoir échapper à Extraction II, étant donné que l’action hero Tyler Rake mourrait à la fin du film, une balle dans la gorge et noyé au fond d’une rivière. Mais quand la rentabilité de Netflix l’exige, il n’y a rien que la médecine moderne ne puisse faire : repêché sur les berges, Tyler est opéré puis rééduqué, bref prêt en quelques mois à repartir dans une nouvelle mission, qui consistera, évidemment, à sauver – à nouveau – des enfants victimes d’un mauvais père – un truand géorgien qui a enfermé sa famille dans la prison où il purge sa propre peine… Ce qui permet bien sûr à notre héros accablé et perpétuellement triste de racheter partiellement ses fautes puisqu’il a fui, naguère, combattre en Afghanistan, abandonnant son fils mourant d’un cancer sur un lit d’hôpital…
C’est toujours l’équipe « Marvel » qui est aux commandes, les Frères Russo à la production et Sam Hargrave, ex-cascadeur préférant désormais filmer les autres prenant des coups, à la mise en scène, sans même parler évidemment de Thor, pardon Chris Hemsworth, devant les caméras, en digne émule de Bruce Willis : pas de surprise à attendre d’un film qui aborde les combats entre mercenaires surhumains et truands surarmés comme des bagarres entre super-héros. Un maximum de destruction de matériel et de bâtiments, et une résistance improbable aux coups, coups de couteaux, balles et explosions, qui fait rêver ou rire quiconque a déjà eu la malchance d’être impliqué dans le moindre pugilat, même anodin. Mais on nous répondra que la crédibilité n’a jamais été le propos, quand il s’agit d’action.
Il faut d’ailleurs reconnaître que la première longue scène d’affrontement entre bons et méchants, en forme de plans séquences recollés digitalement suivant notre héros dans un parcours épique à travers une prison géorgienne en pleine émeute, puis à bord d’un camion traversant la taïga, et enfin dans un train attaqué par des hélicoptères, peut être considérée comme réjouissante : Hargrave fait du bon travail, combinant vitesse et lisibilité, ce qui n’est pas si courant que ça. On pourra pinailler – ce que nous ferons sans aucune réserve – en pointant le grand écart entre sensation de jeu vidéo et tentative de réalisme dans la description d’une ex-Europe de l’Est à la dérive (avec la bonne dose de racisme condescendant vis-à-vis des Géorgiens que l’on attend forcément de la part des Etats-Uniens), mais le tout reste agréable.
Comme on n’en est même pas à la moitié du film quand cette séquence épique se termine, se pose alors la question de « quoi faire ensuite ? ». Tyler Rake 2 prendra donc l’apparence d’une lente désillusion après un démarrage en fanfare : on enchaîne en effet par un remake sans âme de Die Hard, dans une tour viennoise (qui nous permet de rire avec les Etats-Uniens de l’incompétence de la police autrichienne), puis par un duel final sans aucune idée nouvelle entre le grand héros et le très méchant antagoniste. Rien de bien passionnant, il faut bien l’admettre.
Heureusement, on passera gentiment le temps en réfléchissant que Chris Hemsworth est réellement un acteur crédible, presque un… bon acteur, et qu’il leste son personnage caricatural d’un poids d’humanité qui est même étonnant. Et on se délecte de voir la grande Golshifteh Farahani en « action woman » encore plus explosive que dans le premier volet.
A la fin, le délicieux Idris Elba, décidemment irrésistible, vient proposer un vrai job à Tyler, ce qui nous assure d’une longue descendance de films dans le même registre. Pas sûr qu’on ait la patience, ou la paresse de les suivre…
[Critique écrite en 2023]
https://www.benzinemag.net/2023/06/24/netflix-tyler-rake-2-back-from-the-dead/