Mais tu sais que ça existe ?
Je suis tombé par hasard sur un film coréen qui me laissait pensif. A première vue, ça puait le cinéma asiatique qui veut faire de l'américain (vive les catastrophes quand ça arrive). Mais je me suis décidé à passer outre la jaquette et le résumé, on sait jamais, y'a des bonnes surprises au cinéma.
Typhoon, c'est l'histoire de ... beaucoup de choses. Tout commence avec un bateau qui se fait attaquer par des pirates. Ça tire de partout, y'a des morts à foison, voilà qui annonce du lourd. Le bateau en question détient une arme secrète américaine avec tout plein de la radioactivité dedans. Des terroristes, voilà qui annonce du lourd, mais pas dans le bon sens.
A défaut d'être original, on sait d'entrée que le film sera conventionnel (des gentils d'un coté, des vilains tueurs d'innocents de l'autre), toujours ça de pris. Seulement à ce moment là, je commettais une erreur: le film est peu plus compliqué que cela, mais aussi affreusement culcul la praline en même temps.
Fueled by hate
Dans le film, on va suivre la course poursuite entre lé héros (un sud coréen à tête de bite, je suis sûr que si on lui rase la tête on trouvera une fente sur le dessus de son crane) et le méchant (un nord coréen qui veut tuer tout plein de sud coréen, mais lui n'a pas une tête de gland, il joue plutôt bien et à une bonne gueule). L'avancée dans l'histoire va montrer le héros user de stratagèmes légèrement immoraux pour capturer le terroriste et récupérer la marchandise. Mais dans le même temps, on va découvrir que le méchant est un pauvre garçon produit par les politiciens coréens.
Plus le film progresse, et plus la sympathie grandit pour ce vil brigand tueur d'innocents: certes il veut tuer, mais il n'est qu'une victime qui cherche à se venger. Et la vengeance, moi j'adore. Nonobstant la narration qui laisse entendre le malaise coréen, le film va nous trainer à travers plusieurs pays (russie, thailande ...), et cette ballade à travers le monde renforce l'immersion dans le film, le rendant plus crédible et permettant d'ignorer la simplicité de certaines scènes clairement américano-inspiré. En gros, pour préciser les scènes qui brisent cette immersion, chaque fois que l'on verra la sœur du terroriste, il y'aura comme un haut le cœur devant tant de mièvrerie et de musiques à fond le ballon pour bien faire comprendre au spectateur abruti que c'est là qu'il doit prendre pitié pour ce pauvre anti-héros qui a eu tout plein du malheur dans sa vie.
Bien ou pas alors ?
Le film repose énormément sur la symbolique. Le terroriste qui est comme il est à cause des dirigeants politiques, le héros qui pourrait être ami avec l'anti-héros, les américains qui viennent régler le problème avec masse force militaire, la scène de fin illustrant la fracture entre sud et nord d'un peuple qui vit pour les mêmes aspirations, la justice qui est plus immorale que le terrorisme ...
Malheureusement, si le fond recèle une retranscription du malaise coréen, la forme relève du foirage assez poussé. Les scènes d'action sont brouillonnes au possible, le héros est furieusement insipide, la narration use et abuse de ficelles éculées, les passages sirupeux gâchent complètement le fond très dur du film (autant passer les passages avec la frangine en accéléré), la fin est étonnement politiquement correcte et gentille tout plein, voire tristement simpliste au vu du scénario et de la richesse du background.
Au final c'est dommage. Ça aurait pu faire un excellent film symbolisant le mal être coréen vis à vis de sa frontière sous couvert de film bourrin (pas loin de faire du John Woo quand même), mais ça ne restera qu'un film à l'américaine sans surprises, avec une morale à peine plus évoluée que "c'est dur la vie, y'a des trucs vraiment trop injustes, et ça c'est pas juste !".