Ultra Pulpe
6.5
Ultra Pulpe

film de Bertrand Mandico (2018)

Si la surprise est moindre puisque Les garçons sauvages sont passés avant, je retrouve dans Ultra pulpe l’univers que j’avais découvert, cette démesure orgiaque, cette volonté de creuser l’artificialité de façon décomplexée, ce besoin de manipuler les matières, cette envie de Mandico de partager ses visions, démons, fantasmes et frustrations. Plusieurs histoires s’entremêlent, se relayent, toutes des cris de femmes ne souhaitant pas vieillir, cernées par les monstres, les parents, les maris, les hommes. Avec au centre ce récit de femme cinéaste, amoureuse transi de sa muse, mais créatrice paumée. Joy face à Apocalypse. Deux mots qui résument tellement bien le cinéma de Bertrand Mandico. Il semble nous dire qu’il n’y a pas de joie sans apocalypse, de lumière sans orages, de films en couleur sans couleur. C’est aussi un grand terrain de souvenirs, tant il regorge de ses expériences, entre hommage au cinéma bis, à la science-fiction, ainsi qu’aux virées familiales dans les stations balnéaires (Le film est tourné à Trégastel et si j’y suis allé en classe verte quand j’étais môme, je n’ai évidemment rien reconnu, tant Mandico s’accapare les lieux, fait des extérieurs un immense studio à lui, une île, comme c’était déjà le cas de l’ile de la Réunion, dans Les garçons sauvages) et son admiration absolue pour les actrices. L’inspiration, dit-il, serait à chercher principalement du côté de Métal Hurlant et Richard Corben, mais j’aurais tendance à dire qu’il est un beau trait d’union hors du temps, entre la poésie de Cocteau, le giallo d’Argento et les expérimentations de Bava, entre Le sang d’un poète (monde création), Suspiria (monde féminin) et La planète des vampires (monde gothique). L’univers est plus clôt sur lui-même qu’il ne fonctionnait en partage dans Les garçons sauvages, ainsi ce lourd maelstrom de pulsions et de références a bien du mal à émouvoir autant qu’il est difficile à déchiffrer, sans compter que ses nombreux personnages sont davantage des icônes que des véhicules à sentiments, donc ce qui nous terrassait dans la mue de Jean-Louis, Tanguy, Sloan, Romuald et Hubert nous tient plus à distance avec les actrices de ce film-ci. D’un point de vue graphique et musical (encore une belle partition de Pierre Desprats) ça reste une tuerie, en revanche.

JanosValuska
6
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le 6 nov. 2018

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