Ultra Pulpe
6.5
Ultra Pulpe

film de Bertrand Mandico (2018)

Argh ce grand écart, cette déception mâtinée de "Pourtant j'ai eu ce que je voulais" ! Les Garçons Sauvages m'avait foutu une baffe par sa direction artistique, ma seule envie était de découvrir les autres court-métrages de Bertrand Mandico. France 2 se met à proposer son dernier en replay, un qui fait 36mn et dont les images m'évoquent ce que j'adorais dans Les Garçons Sauvages, il ne me faut pas longtemps pour être emballé. Mais alors pourquoi ça ne marche pas ?


Déjà ce jeu d'acteur, mais quelle horreur. C'est un jeu anti-naturel parfaitement voulu, le genre qui espace bien les mots pour donner une dimension artistico-prout prout comme je les déteste, et pourtant je ne donne pas souvent un pareil avis. D'ailleurs Les Garçons Sauvages avait un parti pris assez proche, mais ça passait mieux parce que c'était moins prononcé, c'était majoritairement en voix-off que ça se manifestait, et aussi parce que c'était moins orienté sur les grandes phrases pseudo-profondes comme on en trouve habituellement dans les caricatures de films d'auteurs français. Sur cet aspect Ultra Pulpe est aux Garçons Sauvages ce que Ghost in the Shell : Innocence est à Ghost in the Shell. Il est très difficile d'accrocher à un film qui évoque à ce point le cliché de l'oeuvre bouffie de suffisance façon mauvais théâtre contemporain, le genre qui va faire des jeux de mots Carambar de la manière la plus pompeuse possible en tentant de faire passer ça pour de l'Art. Je me suis même demandé s'il y avait une volonté parodique mais j'ai vraiment l'impression que Bertrand Mandico prend son court au sérieux, sa mise en scène favorise l'étrange mais jamais l'absurde.


La ligne directrice est également difficile à cerner. Ça parle de cinéma, de la vision artistique de l'érotisme mêlé de nécrophagie, de la vieillesse aussi sans doute. J'ai l'impression de voir des sketchs justifiés par les tournages de cette réalisatrice, mais cela donne un côté fourre-tout où l'on ne voit pas trop ce que veut nous dire le réalisateur. Certains passages ne sont pas mauvais et il y a toujours une forme d'intérêt à suivre ça, au moins par curiosité pour la mise en scène de Bertrand Mandico. C'est pour elle que je voulais voir ce court et sur ce point je ne suis pas déçu, on reconnaît immédiatement la patte. Il a de magnifiques idées, comme ce baiser où l'intérieur des bouches s'illumine en néons scintillants comme si elles abritaient des cavernes aux merveilles. Les couleurs pop ne plairont pas à tout le monde mais je les trouve parfaitement maîtrisées pour illustrer cette vision de la SF comme terreau pour les images hallucinatoires. Les musiques employées foutent également une belle claque, j'ai bien eu le spectacle audio-visuel que je cherchais.


En revanche les symboles sexuels deviennent très lourds. Ils m'amusaient dans Les Garçons Sauvages par leur énormité et je les trouvais cohérents dans la démarche du film. Ici on a un discours ultra sexuel, mais je ne saisis pas vraiment ce que l'on veut nous dépeindre à ce sujet. J'ai eu l'impression que le but était juste de faire de l'artistique dans le domaine de l'érotisme et de défendre cette position, ce qui est tout à fait honorable en soi mais rend ces symboles moins nécessaires et renforce leur côté lourdaud (Ouuuh la fille met la main dans une fissure de rocher qui ressemble à un vagin, ouh là là sexe sexe, symbole symbole). Il y a des cas plus intéressants comme lors de cette visite sur Mars où ça donne un côté irréel, mais n'espérez pas la moindre finesse de la part de Bertrand Mandico pour parler de ça.


Je sors très partagé, voire énervé. Tant que les personnages la ferme, c'est hypnotique. Quand ils parlent je déteste, que ce soit ce qu'ils disent ou leur manière de le dire. Il y a des exceptions, 2 petits moments moins insupportables. Ça me fait beaucoup de mal de commencer si tôt à m'inquiéter de mon appréciation de Bertrand Mandico.

thetchaff
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le 13 juin 2018

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