Le charme, vous savez, c'est cette petite chose indéfinissable qui agit ou pas pour des raisons qui nous échappent quelque peu. C'est vrai aussi au cinéma et les films de Sébastien Betbeder, malgré ses lacunes, ont le plus souvent cette qualité, à laquelle certains restent cependant insensibles. Marie et les naufragés avait une fantaisie charmante et Le voyage au Groenland un exotisme qui ne l'était pas moins. Ulysse & Mona est un peu moins riche en la matière, peut-être parce que son canevas de départ est plus classique et son traitement un peu poussif au début du film. Cela s'améliore par la suite dès lors que l'on s'éloigne de schémas trop prévisibles (non, les deux personnages principaux ne tomberont pas amoureux). D'Ulysse & Mona sourd une mélancolie, surtout vers la fin, qui s'accompagne bien d'un humour discret et d'une humanité blessée qui reverdit à mesure que l'idée de pardon se fait jour et vient illuminer des vies et des solitudes jusqu'alors bien ternes. Ulysse & Mona est un film humble dont les thématiques n'ont rien de follement originales mais qui prend bien soin de réchauffer les coeurs emmitouflés. Dans cette ambiance un rien désuète et décalée, le charisme d'Eric Cantona fonctionne à plein et il y a une certaine subtilité dans son jeu, ce qui n'est pas honnêtement le cas pour tous ses partenaires. Le film ne s'attarde pas trop en longueur, ressemblant à une sorte de moyen-métrage étiré. On attend bien mieux de Sébastien Betbeder mais on s'en contentera pour l'instant.