Umberto D. est le second film que je vois de De Sica et je suis un peu partagé. Le film est très court et pourtant je l'ai trouvé vraiment long, puisqu'il tourne quand même pas mal en rond pendant une bonne partie du film où la situation d'Umberto n'avance pas.
On a donc ce retraité qui a des dettes à payer à sa logeuse sans quoi il va se faire expulser et c'est l'occasion pour le réalisateur de traiter de la misère des retraités en Italie. Et c'est assez poignant, puisqu'il n'y pas réellement de solution, on voit bien qu'ils n'ont pas le droit de manifester leur mécontentement, leur retraite est misérable et ne suffit pas à vivre décemment et à part faire la manche il n'y a pas grand chose à faire.
Malgré tout cette fatalité peine un peu à se mettre en place à l'écran. On verra ainsi pendant plus d'une heure Umberto essayer de trouver des solutions pour garder son logement et je dois dire que ça ne m'a que moyennement convaincu.
Alors le film ne tombe pas dans le misérabilisme le plus exacerbé puisqu'il n'est pas dénué d'humour, notamment avec le chien, mais aussi avec les autres personnages qui arrivent parfois, notamment au début, comme dans la séquence à l'hôpital, à mettre un peu de légèreté dans toute cette sombre affaire. L'espoir est encore permis.
Et puis forcément au fur et à mesure il y a moins d'espoir, mais j'avoue que du coup les scènes s'enchaînent et finalement se ressemblent un peu toutes... Et vers l'heure de film j'ai failli décrocher, malgré de très belles images...
Puis soudain, il a enfin compris ce qu'il devait faire à travers une magnifique plongée sur le tramway dont les rails traversent les pavés en contrebas.
Et durant tout le reste du film il faudra trouver que faire du chien, ce chien qu'Umberto aime tant. Le film est réellement construit avec ça, sur la relation qu'il a avec le chien, ça motive ses actions et finalement c'est un peu lui le héros...
Moi qui n'aime pas les mièvreries avec les animaux ai finalement été touché par le dernier quart d'heure que j'ai trouvé sublime, à fleur de peau, fondamentalement touchant, parce qu'on comprend la gravité de la situation, tout nous a été expliqué auparavant, comme ça, sans avoir l'air d'y toucher... Un chien dans la rue est un chien mort. Il ne peut pas juste abandonner son chien qu'il a du mal à nourrir, ça serait signer son arrêt de mort... L'émotion monte, monte, monte, c'est de plus en plus déchirant, sans trop en faire, parce qu'on voit ce type sans réelle solution, désemparé et qui finalement ne voit plus qu'une solution, la plus terrible, la plus tragique, la plus déchirante et le plan dure, dure, on sent toute la tristesse de ce qui va se passer, toute l'horreur...
Bref j'ai trouvé la fin vraiment admirable, superbement bien construite, mais je dois malgré tout avouer que vers l'heure du film, j'ai trouvé ça un peu mou. Après le film est visuellement splendide, on a quelques contre-plongées sur la fin, lorsqu'il prend le tram, on voit la maison qu'il a toujours habitée, on voit la femme de ménage le regarder dans son tram, au loin, sans dire un mot, sans geste, c'est bouleversant... Surtout que nous on sait où il veut se rendre, ce qu'il compte faire...
Bon film.