Durendal m'a tuer
Je ne comprends pas Greengrass, il ne m'avait pas encore déçu, mais là... En fait j'ai l'impression qu'il nous fait l'inverse de ses autres films qui traitent d'attaques terroristes (ou policières),...
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le 2 déc. 2018
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Après un pas très bon Jason Bourne, Paul Greengrass est revenu à un sujet plus personnel : le terrorisme en évoquant les attentats du 22 juillet 2011.
Avec quasi deux heures et demie, c'est pour le moment, son film le plus long et je trouve, son plus passionnant, car comme à son habitude, il s’attache aux faits exacts, réels, il les détaille et multiplie les points de vues, toute fois, il se concentre essentiellement sur un personnage, donc réel : Viljar.
Paul Greengrass, comme souvent, démarre son film sur le point de vue du méchant (pour « Vol 93 », il as osé démarré par les prières des terroristes) : ici, donc Anders Behring Breivik qui prépare ses bombes dans son coin et s’apprête à partir pour Oslo.
Puis on voit des jeunes arriver sur l’île d’Utoya, dont Viljar (la caméra se centre très vite sur lui).
Il y a aussi le premier ministre norvégien qui as une journée débordée, il doit d’ailleurs faire une intervention au campement des jeunes sur l’île d’Utoya.
Mais Breivik (dont on suit scrupuleusement le parcours) va faire exploser une voiture et tuer huit personnes : Paul Greengrass, avec sa caméra nerveuse, parfaite, habituelle, emballe ce premier attentat très vite pour se concentrer sur l’île d’Utoya où Breivik se fait passer pour un policier qui va sécuriser le secteur. Et le meurtre de deux adultes responsables du camp, les coups retentissent jusqu’aux oreilles des jeunes, avertis peu avant qu’il y a eu un attentat à Oslo où travaillent une bonne partie de leurs parents, d’ailleurs.
Et le carnage qui va suivre : 67 personnes dont la presque totalité sont des jeunes gens, adolescents et un peu plus âgés aussi, est éprouvant, alors qu’ils s’échappent, Breivik leur tire dans le dos et va s’acharner sur ceux et celles qui vont tenter de s’enfuir et particulièrement sur Viljar.
Scène d’une brutalité sadique impensable : Breivik lui tire cinq fois dessus et le laisse agonisant.
Breivik se fait arrêter quelques minutes après, tandis que Viljar est quasiment mourant sur le rivage.
Et à partir de là, on va suivre essentiellement le parcours physique et psychologique de Viljar, des secours qui finalement, au bout d’interminables minutes, viennent le secourir, le transporter à l’hôpital, jusqu’à, plus de deux heures de film plus tard (dans la réalité environ un an), son témoignage face à Breivik au tribunal.
Toute fois, Greengrass ne laisse pas tomber les autres personnages, à commencer par Breivik de son arrestation jusqu’au procès
où il est déclaré coupable : par son égo surdimensionné, son goût pour la provocation (appeler comme témoin le premier ministre norvégien…) et son absence de remords, en font presque un personnage humoristique.
Il y a aussi ponctuellement le premier ministre norvégien ainsi que l’avocat de Breivik qui se retrouvé malgré lui avocat d’un tueur de masses
, ce qui as un impact sur sa vie privée (devant retirer une de ses filles de son école maternelle).
Les parents de Viljar si ils sont soudés, en souffrent également clairement dans leur couple, tandis que le petit frère de Viljar, qui as échappé de justesse au tir de Breivik, se sent rejeté mais ne le montre pas vraiment :
la scène où ils en parlent tous les deux est déchirant.
Évidemment, l’interprétation de tous les acteurs, est parfaite : Jonas Strand Gravli qui incarne Viljar est extraordinaire, hyper expressif : Paul Greengrass lui as offert un rôle immense – devant presque porter un film de presque deux heures et demi sur ses épaules – et des scènes impressionnantes, coup de cœur perso pour la scène où
hanté par ce qu’il as vécu sur l’île d’Utoya, il décide d’y retourner avec avec la moto neige de ses parents qui le rattrapent à temps. Et il se demande : pourquoi ça lui est arrivé ? Pourquoi ça s’arrange pas en fait ?
Il est clairement plus réaliste que son entourage qui veut le rassurer pour ne pas qu’il soit en dépression mais lui ne veut plus entendre que tout ira bien parce que c’est pas vrai :
parce qu’il sera à jamais condamné. Viljar est bien entendu suicidaire, il veut clairement se tuer à plusieurs reprises, mais au fur à mesure, qu’il se reconstruit physiquement et au soutien constant et à l’amour de ses proches : ses parents, son frère et aussi sa meilleure amie, il va se reconstruire psychologiquement.
Et c’est ce qu’il dit, c’est peut être manichéen mais c’est pourtant vrai, à Breivik : lui, Vijar il est entouré, aimé par ses proches, alors que Breivik lui n’as plus personne
(même pas sa mère qui refuse de témoigner pour lui).
Bien sur la scène de tuerie est éprouvante, mais pour moi, ce qui est plus dur et ce qui as vraiment et clairement passionné Paul Greengrass, c’est la lente reconstruction physique et psychologique de Viljar. Dans un film, je n’avais jamais vu une reconstruction aussi longue (plus de deux heures de film) d’une personne, et en plus : c’est réellement arrivé.
Les décors, naturels, de Norvège, sont absolument magnifiques, enneigés comme dans la petite ville où Viljar et sa famille habitent : ça m’as rappeler certaines productions allemandes comme « Willenbrock » que j’avais découvert sur Arte.
J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises par la justesse des situations, des dialogues, de la retranscription du vécu de Vijar.
« Un 22 juillet » est un film qui m’as vraiment beaucoup marqué, il résonne encore dans mon cœur. Et j’ai encore envie de le revoir, même si il est vraiment éprouvant. J’ai rarement vu un film aussi juste et à la fois simple sur les Êtres Humains. Paul Greengrass est vraiment passionné par les Êtres Humains, il leur rend hommage d’ailleurs depuis « Bloody sunday ». Il as retrouvé justement, à mes yeux, la sensibilité qu’il avait perdu depuis « Green zone ». « Un 22 juillet » justement m’as fait penser à « Bloody sunday » : cette passion, donc pour les Êtres Humains, pour leur rage mais pour leurs opinions politiques, car la quasi totalité des films de Greengrass, traitent de politique.
Et j’ai l’impression que je peux continuer à disserter encore et encore dessus. C’est un très beau film et à la fois bien sur très triste, avec de l’espoir.
Ces mots déjà très connus de Viljar, face à Breivik : l’homme qui l’as quasiment tué : « Je Veux Vivre. ». A ce moment, « Un 22 juillet » apparaît comme une œuvre lumineuse.
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Créée
le 4 août 2021
Critique lue 72 fois
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