Durendal m'a tuer
Je ne comprends pas Greengrass, il ne m'avait pas encore déçu, mais là... En fait j'ai l'impression qu'il nous fait l'inverse de ses autres films qui traitent d'attaques terroristes (ou policières),...
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le 2 déc. 2018
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Le film Un 22 juillet, réalisé par Paul Greengrass, est une œuvre saisissante qui plonge dans les événements tragiques du 22 juillet 2011 en Norvège, lorsque le terroriste Anders Behring Breivik a perpétré deux attaques meurtrières, d'abord en faisant exploser une bombe à Oslo, puis en commettant une fusillade dans un camp de jeunes sur l'île d'Utøya. Ce long métrage, bien que centré sur un événement profondément sombre, transcende le récit d’un drame pour offrir une réflexion poignante sur la résilience humaine, la justice et la force de la démocratie face à l'extrémisme.
Paul Greengrass, connu pour son style de réalisation réaliste et immersif (Bloody Sunday, United 93), s’empare d’un sujet complexe avec une maîtrise remarquable. Sa caméra, souvent proche des personnages, capte l'horreur de manière frontale mais sans voyeurisme. Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans une tension palpable. La séquence de l'attentat à Oslo et les scènes qui suivent sur Utøya sont filmées avec un réalisme saisissant, créant une expérience immersive qui donne la sensation d'être témoin direct des événements. Pourtant, Greengrass évite soigneusement de s'attarder sur la violence graphique. Il préfère se concentrer sur les répercussions humaines et sociales des attaques, ce qui permet de transformer un récit de terreur en un hommage à la résilience.
L’un des grands atouts du film est de ne pas se limiter à la représentation de l’attaque elle-même. Contrairement à d'autres films basés sur des tragédies réelles, Un 22 juillet consacre une grande partie de son récit aux conséquences des événements, tant pour les victimes que pour la société norvégienne. Le scénario, adapté du livre One of Us de Åsne Seierstad, s'intéresse particulièrement à la trajectoire de Viljar Hanssen, un jeune survivant gravement blessé lors de la fusillade, et à celle de Geir Lippestad, l’avocat chargé de défendre Breivik. Ces deux points de vue offrent un contraste fascinant. Viljar représente la douleur, la peur et la détermination à surmonter l’épreuve, tandis que Lippestad illustre les dilemmes éthiques et juridiques que pose le devoir de défendre un homme responsable d'actes aussi monstrueux. En explorant ces perspectives, le film soulève des questions cruciales sur la justice, le pardon et la manière dont une démocratie doit répondre à l’extrémisme sans compromettre ses valeurs fondamentales.
Les performances des acteurs sont un autre point fort du film. Anders Danielsen Lie, dans le rôle de Breivik, livre une interprétation glaçante. Il incarne un homme déshumanisé par son idéologie, évitant tout excès théâtral pour rendre le personnage encore plus troublant. Jonas Strand Gravli, qui joue Viljar, impressionne par sa vulnérabilité et sa force intérieure. Son parcours, de la lutte pour la survie à la prise de parole publique contre Breivik, est le cœur émotionnel du film. Jon Øigarden, dans le rôle de Geir Lippestad, est également remarquable. Son interprétation capture à la fois la gravité et la complexité de son rôle d’avocat dans un contexte où défendre un tel client peut sembler moralement intolérable. La distribution dans son ensemble, composée en majorité d’acteurs norvégiens, ajoute une authenticité au film, renforçant son ancrage dans la réalité.
Au-delà de son cadre norvégien, Un 22 juillet porte un message universel. Il explore les dangers du nationalisme extrême et de la radicalisation, des menaces qui ne sont pas limitées à la Norvège. Greengrass rappelle que la lutte contre la haine ne peut pas se limiter à des réponses violentes ou simplistes. Le film met en avant le courage des survivants, des familles des victimes et des institutions démocratiques qui ont choisi de répondre à cette tragédie avec humanité et détermination. L’approche de Greengrass est empreinte de respect. Il ne cherche jamais à exploiter l’émotion ou à simplifier le récit pour le rendre sensationnaliste. Au contraire, il traite les personnages réels avec dignité, montrant leurs failles et leur courage dans des moments d’une intensité inimaginable. Ce réalisme émotionnel, associé à une direction artistique impeccable, fait de Un 22 juillet une œuvre aussi bouleversante que nécessaire.
Créée
le 23 nov. 2024
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