"Un 32 aout sur la terre" (1998) est le premier long de Denis VILLENEUVE et le cinquième que je vois. Le premier fut "Polytechnique" (2009), découvert dans le cadre du partage de films Version 1.0 organisé en 2016 sur SC, et la surprise avait été bonne. Sur un sujet quelque peu délicat, une tuerie à l’École Polytechnique de Montréal en 1989, le réalisateur avait réussi, en 75 minutes, à créer un concentré d'efficacité. Les suivants "Sicario" (2015), "Premier contact" (2016) et "Blade runner 2049" (2017), sur des sujets, eux aussi, casse gueule (la guerre contre les cartels, première rencontre avec des E. T., la suite d'un film culte) me confirmait la maitrise du réalisateur sur ses films, en clair, ce que l'on voit a l’écran, c'est ce qu'il veut bien vous montrer.
"Un 32 aout sur la terre", c'est Simone, venant de subir un accident de voiture traumatisant, qui décide de se faire faire un enfant par son meilleur ami, Philippe. Celui-ci, très réticent, accepte a condition que la conception de cet enfant se fasses dans un désert, c'est ainsi qu'ils débarquent rapidement a Salt Lake City.
Clairement, le film est maitrisé de bout en bout (réalisation, cadrage, lumière) pour nous montrer l’incongruité du projet, voire même nous faire douter de la réalité de ce que l'on voit : rêve, coma, mort de la protagoniste ? Et cela commence dès le début, quand Simone se fait prendre en stop, juste après son accident, par un homme dont la montre indique le 32 août comme date du jour. Et cela continue, avec des incrustations nous indiquant la progression de l'histoire avec des dates tout aussi saugrenues : 33, 34, 35...août.
C'est aussi le choix du lieu de la conception, un désert, sans aucune discrétion, aucune intimité, aucun confort, tout a été décidé a l'arrache, ils descendent de l'avion, prennent un taxi (qui a bien vu les pigeons arriver) et vont dans le désert........qui est désertique, bref, le plan pourri.
Les acteurs sont bons, une sorte de dynamique est créée entre les deux personnages : elle, spontanée tendance hystérique, ayant l'impression de louper quelque chose si elle ne fait pas un enfant tout de suite, lui, beaucoup réticent et posé, secrètement amoureux d'elle mais en couple depuis deux mois (oui, c'est compliqué), qui dit pas oui, mais qui ne dis pas non, non plus (je vous dis que c'est compliqué). Une sorte de huis clos comme les aime le cinéma français, sauf que là c'est un huis clos en plein air avec des québecois : on est sur le continent américain quand même......
En conclusion, si le pitch est plutôt intriguant, mais le film, tel qu'il est développé, n'est pas très intéressant, notamment a cause de personnages pas particulièrement sympathiques, malgré tout ce qui leur arrive, on a envie de les secouer, de leur dire d’arrêter de faire des caprices, puis on se désintéresse d'eux tellement ils sont agaçants.
Heureusement, si j'ose dire, qu'il y a quelques moment "chocs" qui relancent notre intérêt, l'accident de voiture du début, le cadavre dans le désert, l'agression de Philippe, mais tout cela au final, cela retombe assez rapidement, le réalisateur ne rebondissant dessus que pour nous donner du vide, et c'est frustrant.
NB : Un (petit) moment particulièrement hilarant doit être signalé quand le personnage de Philippe est dans un lit-capsule et mime un astronaute en apesanteur.