Un titre pour le moins intrigant, un synopsis qui ne l'est pas moins. Autant dire que le premier long-métrage de Denis Villeneuve ne risque guère d'être un film conventionnel. L'intrigue est facile à résumer, prenant la forme d'un road trip avec des éclairs de comédie romantique. C'est clair comme de l'eau de roche. On ne se demande pas ce que cela raconte, mais pourquoi. L'étrangeté du truc pousse à se poser cette question. Quel est le but de tout cela ?
J'avoue qu'après avoir fini de regarder l'ensemble, j'ai été incapable de tout de suite penser quoi que ce soit de cohérent sur celui-ci. J'ai aimé, ça, je le sais, mais là encore, pourquoi ?
Le cinéaste sait filmer des plans qui accrochent l’œil, aussi bien dans des espaces fermés que dans des espaces infinis. Les deux acteurs principaux sont très bons. Le personnage de Pascale Bussières (et la comédienne tout court !) dégage un sex-appeal incontestable ; ce qui fait qu'il est crédible que le personnage du meilleur ami en soit amoureux. Les deux protagonistes sont attachants, notamment par leur volonté de vouloir essayer d'aller jusqu'au bout de leurs idées, mais aussi par leur esprit qui ne parvient pas à se concilier avec les divers environnements qu'ils sont amenés à fréquenter, déjouant ainsi leurs attentes (ils sont humains en gros !). Bon, cela explique en partie, mais autrement pourquoi. Pourquoi ce film ? Pourquoi je l'ai bien aimé ? Là, je suis obligé d'être dans la subjectivité interprétative la plus profonde, d'être moins général et moins sibyllin que je ne l'étais jusque-là.
Je peux peut-être donner la même réponse à ces deux questions : parce qu'il semble dire qu'il faut savoir profiter de la vie, faire dans la mesure du possible ce que l'on veut vraiment, aimer à fond les personnes que l'on aime et ne pas hésiter à le montrer. Oui, je sais qu'on dirait le message cucul et simpliste d'un Disney. Mais c'est la manière de le raconter qui touche.
Par leur blancheur absolue, le désert de Salt Lake City et l'espèce de chambre de type japonais dans l'aéroport rappellent bizarrement l'autre monde tel qu'il est vu par les personnes qui en sont revenues après avoir passé par la case EMI ou par celle du coma. Pour moi, c'est l'histoire de la protagoniste qui n'est pas sortie indemne de l'accident, qui est dans le coma justement et qui imagine une vie alternative constituée de ses désirs et de ses refoulements. (Ce qui expliquerait aussi que nos deux compères ne boivent pas une seule goutte d'eau alors qu'ils sont dans le désert ou que les personnes appelées au téléphone semblent être près à décrocher tellement elles répondent au bout d'une microseconde ; pour le premier truc, sans blague, c'est possible, pour le second, c'est une petite vacherie glissée gratuitement !).
Oui, bon, je crois que c'est un film riche, pouvant donner lieu à toute interprétation. Déjà rien que le titre... On peut se faire son propre film. Et le fait qu'il parvient (enfin pour ma part, ça a fonctionné !) à encourager à faire cela montre que l'ensemble est intéressant, donc réussi.